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L'Irlande, la Guinness, les Black-faces, le Conemara, la mer...


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Un trop court séjour en Irlande au mois de juillet 1987. Trop court parce que j'ai passé 8 jours au lieu de 2 chez ma copine à Biggleswade (Bedfordshire) pendant que mon frangin tenait la chandelle. J'espère Ô Frère que tu me pardonnera cette erreur de jeunesse. ;o)
En attendant, j'ai beaucoup aimé l'Irlande. Avec des slogans pour l'IRA dans un très charmant petit parc à Limerick. Des tout petits pubs super vieux tout en bois avec des gros fûts de whisky et de bières. C'est d'allieurs à Gallway que j'ai bu la première bière de ma vie. Une demi pint de Guinness. Je m'en souviens très bien. Un pub plein à craquer, mon frère assi à ma gauche, une petite table ronde à sa gauche et en face de moi, moi sur un tabouret un large pot de fleur juste dans mon dos et une Italienne sur les genoux. Il m'avait payé ma première bière, me l'avait donnée et avait poser la sienne sur la table. Le temps qu'il discute un peu, j'avais fini la mienne. Je m'en rappellerai toujours. Je me souviendrai toujours aussi de la tête qu'il a fait quand je me suis penché pour reposer mon verre sur la table à coté de sa pint non entamée. ;o)))
Je me souviendrais aussi des 25 km à pieds en plein soleil dans la campagne du Connemara pour rejoindre la baie de Liscanore, la petite séance de bronzette qu'on s'est fait sur les rochers près au bord de la mer. Je n'oublierai jamais non plus le fou qui nous a pris en stop, surtout quand on s'est rendu compte que les 4 passagers de sa voiture étaient des auto-stoppeurs. Je n'oublierai pas non plus le Pasteur qui nous a pris et dont on avait grand peine à comprendre plus d'un mot par phrase tellement son accent était prononcé. Oui, j'ai adoré ces quelques jours en Irlande... ("SIGH"... soupir de nostalgie)

Les villes

Les paysages



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Table des matières




Irlande

I. Introduction

Irlande, île appartenant aux Îles Britanniques, dans l'océan Atlantique Nord, la plus à l'ouest, séparée de la Grande-Bretagne par le canal Saint George au sud-est, par la mer d'Irlande à l'est et par le canal du Nord au nord-est. La partie nord-est de l'île, appelée Irlande du Nord, fait partie du Royaume-Uni ; la partie sud constitue un État souverain, la république d'Irlande. L'île est divisée en quatre provinces historiques. Le Connacht, le Leinster et le Munster appartiennent à la république d'Irlande ; l'Ulster est divisé entre la république d'Irlande et le Royaume-Uni. La superficie de l'île est de 84 431 km2 dont 70 283 km2 pour la république d'Irlande et 14 148 km2 pour l'Irlande du Nord. La population de l'île en 1991 était de 5 103 555 habitants, dont 3 525 719 pour la république d'Irlande.

Du nord au sud, la longueur maximale de l'Irlande est de 486 km ; sa largeur extrême est de 280 km. Le cap Malin, à 55° 27' de latitude nord, et le cap Mizen, à 51° 27' de latitude nord, sont respectivement le point le plus au nord et le point le plus au sud de l'île ; les points les plus à l'est et à l'ouest se trouvent à 5° 25' de longitude ouest et 10° 30' de longitude ouest.

II. Géographie physique

La côte orientale de l'Irlande est relativement régulière et peu découpée. La côte occidentale, constituée de vallées inondées ou submergées et de falaises escarpées, est bordée de plusieurs centaines de petites îles. Le centre de l'île est constitué de plaines. Les reliefs sont situés sur le pourtour. Dans le nord se trouvent les monts Sperrin, entre Londonderry et Belfast, avec le mont Sawel à 680 m ; dans le nord-ouest, à l'ouest de Londonderry, les monts de Donegal, dont le mont Errigal culmine à 752 m ; à l'ouest, les Nephin Beg (806 m) et le Connemara (730 m) ; dans le sud-ouest, la péninsule de Dingle (953 m) ; le mont Carrauntoohil, le plus culminant de l'île, avec ses 1 041 m, dans le Kerry ; dans le sud, les monts Knockmealdown (792 m) et les monts Galty (920 m) ; dans le sud-est, au sud de Dublin, les monts Wicklow (926 m) ; dans le nord-est, au sud de Belfast, les monts Mourne (850 m). La plaine centrale, ou région des plaines, à des dimensions maximales de 160 km d'est en ouest et de 80 km du nord au sud. Cette plaine comporte de nombreux lacs et tourbières. Les principaux cours d'eau d'Irlande sont l'Erne et le Shannon, qui sont en réalité des chaînes de lacs joints par des sections fluviales. La partie nord de la plaine centrale est arrosée par l'Erne, et le centre est arrosé par le Shannon, qui se jette dans l'océan Atlantique par un large et long estuaire. Près de la moitié du Shannon, en amont de l'estuaire, est constituée des lacs Allen, Ree et Derg. Les principaux fleuves d'Irlande coulent dans la plaine et un réseau de canaux facilite les communications.

L'Irlande a un climat océanique tempéré. En raison de l'influence modératrice des vents dominants tièdes et humides de l'océan Atlantique, la température hivernale moyenne oscille entre 4,4 et 7,2 °C, environ 14 °C de plus que d'autres lieux à la même latitude en Europe ou sur la côte est de l'Amérique du Nord. L'influence océanique est aussi très prononcée en été, la température estivale moyenne de l'Irlande, 15à16,7 °C, étant plus basse de 4 °C que celle d'autres lieux aux mêmes latitudes. Les précipitations, abondantes, sont en moyenne de 1 016 mm par an.

La flore de l'Irlande, principalement originaire de Grande-Bretagne, est surtout constituée de roseaux, de joncs, de fougères et d'herbes. La faune irlandaise ne diffère pas de façon marquée de celle de la Grande-Bretagne ou de la France. Le grand cerf irlandais et le grand pingouin ont été exterminés à l'époque préhistorique ; l'île a aussi perdu ses ours, ses loups, ses chats sauvages, ses castors et son bétail indigène. Il reste de petit rongeurs et des oiseaux des bois, des champs et du littoral. Le seul reptile est le lézard.

III. Histoire

En complément du chapitre suivant sur l'histoire de l'Irlande, voir Celtiques, langues, Gaélique, littérature et Irlande, littérature d'.

A. Les origines

Peuplée dès la préhistoire (des ossements humains datant de 9 000 ans av. J.-C., ont été découverts dans le comté de Waterford), l'Irlande fut touchée par la civilisation mégalithique (mégalithes de Boyne) venue du sud. Elle subit plus tard, au VIe siècle av. J.-C., l'invasion des guerriers celtes (ou gaëls). Selon des légendes locales, l'Irlande fut d'abord habitée par différentes tribus, dont les plus importantes furent celles des Némédiens, des Fomoriens, des Firbolgs et des Tuatha De Danann. Ces tribus auraient été par la suite assujetties par les Milésiens (venus d'Écosse). Bien que l'Irlande soit mentionnée sous le nom d'Ierne, dans un poème grec du Ve siècle av. J.-C., et sous les noms d'Hibernia et de Juverna par différents auteurs classiques, on sait peu de choses sur ses habitants avant le IVe siècle apr. J.-C. (l'Irlande n'a jamais fait partie de l'Empire romain). A cette époque, les tribus celtes du royaume de Scot (Écosse) harcelaient la province romaine de Bretagne. Ces expéditions s'étendirent jusqu'aux côtes de la Gaule, avant le règne de Loigare, le roi MacNeill. C'est pendant son règne (428-463) que saint Patrick tenta de convertir les autochtones. Bien que le christianisme ait été précédemment introduit dans certaines parties de l'Irlande, Patrick rencontra une forte opposition et ce n'est q'un siècle après sa mort (en 461) que le christianisme fut implanté dans toute l'île.

Depuis des temps reculés, chaque province d'Irlande semble avoir eu son propre roi ; selon la légende, ces rois se rangeaient sous l'autorité du Ard-Ri, ou "roi suprême", auquel était attribué le territoire central, appelé Meath, et qui généralement résidait à Tara, colline qui domine l'actuel comté de Meath. Chaque clan était dirigé par un chef élu dans la famille la plus importante. Les lois étaient dispensées par des juristes professionnels appelés brehons, qui possédaient des terres et jouissaient d'importants privilèges.

Au VIe siècle, de vastes monastères furent fondés en Irlande, où l'on prodiguait un enseignement réputé au début du Moyen Âge. De ces monastères partirent, au cours des siècles suivants, de nombreux missionnaires, tels que les saints Colomba, Colomban et Brendan, tandis que beaucoup d'étudiants de Grande-Bretagne et du continent se rendaient en Irlande pour parfaire leur éducation. Recherchant la solitude, des ermites irlandais furent aussi les premiers explorateurs connus des îles Féroé, de l'Islande et du Groenland. Le rayonnement de la civilisation irlandaise fut interrompu par les incursions de Scandinaves (Danes, en fait surtout des Norvégiens), qui commencèrent à partir de 795 et se poursuivirent pendant plus de deux siècles. Les Vikings établirent des colonies sur la côte est de l'Irlande et conduisirent des raids vers l'intérieur. Au IXe siècle, ces Scandinaves fondèrent plusieurs villes, dont Dublin en 841. Leur domination prit fin en 1014 lors de la bataille de Clontard, près de Dublin, où ils furent écrasés par l'armée du roi celtique Brian Boru.

B. La période anglo-normande

La conquête anglo-normande de l'Irlande commença avec Henri II, roi d'Angleterre de 1154 à 1189, qui aurait obtenu en 1155 une bulle du pape Adrien IV (un Anglais) l'autorisant à prendre possession de l'île, à condition de verser au trésor papal un revenu annuel. Certains historiens pensent que cette bulle était un faux. Quoi qu'il en fût, rien ne changea jusqu'A ce que Dermot MacMurrough, le roi déchu du Leinster, cherchât refuge à la cour du roi Henri II, dont il obtint la permission de lever une armée de sujets anglais pour la reconquête de son royaume. Dermot, retournant en Irlande en 1169 avec des mercenaires normands et de nombreux alliés irlandais, parvint à reconquérir une partie de ses territoires et à prendre Dublin ainsi que d'autres villes de la côte est. A sa mort, le prétendant au trône du Leinster fut son gendre Richard Strongbow, deuxième comte de Pembroke. En 1172, Henri II Plantagenêt accompagné d'une importante armée, se rendit en Irlande pour se faire reconnaître seigneur suzerain de l'île, reçut les hommages des chefs celtes, des Princes de l'Église et des barons normands. Il accorda à ces derniers une charte les autorisant, en tant que sujets de la Couronne d'Angleterre, à prendre possession des royaumes de l'île. Les Anglo-Normands, cependant, rencontrèrent une formidable opposition avant de parvenir à s'établir sur les terres qu'ils revendiquaient. Le gouvernement fut confié à un vice-roi et les lois normandes furent introduites dans les parties de l'île soumises à l'obédience de l'Angleterre. Le jeune prince Jean, héritier de la couronne d'Angleterre, fut envoyé par Henri en Irlande en 1185, mais la conduite maladroite de son conseil provoqua des troubles et il fut vite rappelé en Angleterre. Jean entreprit une seconde expédition en Irlande en 1210 pour soumettre ses barons normands. Ces derniers avaient passé des alliances avec les Irlandais, ce qui avait accru leur autorité.

Au cours du XIIIe siècle, plusieurs aventuriers anglo-normands parvinrent à s'implanter en Irlande, soit en s'alliant à des clans locaux, soit en les exterminant. Le clan des Fitzgerald prit le pouvoir à Kildare et dans le Munster oriental, les Butler, dans le Munster occidental et le clan des Burke, dans le Connacht. Après la bataille de Bannockburn en 1314, Édouard Bruce, le frère cadet de Robert Bruce, roi d'Écosse, envahit l'Irlande et tenta en vain d'y battre les Anglais. Le pape, à l'instigation de l'Angleterre, excommunia Bruce et ses alliés irlandais. Malgré l'échec de son invasion, Bruce contribua au déclin de la suprématie anglaise en Irlande.

Les descendants des colons anglo-normands les plus puissants d'Irlande s'identifièrent progressivement aux Gaëls, dont ils adoptèrent de plus en plus la langue, les coutumes et les lois. En réaction, le Parlement anglo-normand adopta, en 1366, les status de Kilkenny, qui prévoyaient l'excommunication et de lourdes peines pour tout sujet qui suivait les coutumes des Gaëls ou qui s'alliaient avec eux. Ces status, cependant, ne furent pas appliqués jusqu'A la fin du XIVe siècle en dépit de Richard II, roi d'Angleterre de 1377 à 1399, qui intervint en Irlande avec des troupes importantes. Le pouvoir et l'influence des Gaëls s'étaient considérablement accrus à l'époque de la guerre des Deux-Roses : ainsi, l'autorité de la couronne d'Angleterre se limitait à la région côtière, connue comme étant le Pale anglais, petit district autour de Dublin et du port de Drogheda. Pendant la guerre des Deux-Roses, qui opposa en Angleterre la maison d'York et celle de Lancastre, l'Irlande à soutenu la maison d'York, qui finalement perdit.

C. La domination anglaise

La participation de l'aristocratie anglo-normande du Pale dans la guerre des Deux-Roses affaiblit considérablement la domination anglaise en Irlande. Quand Henri VII devint roi d'Angleterre en 1485, il nomma Gerald Fitzgerald, huitième comte de Kildare, vice-roi d'Irlande, bien que Kildare soutint les York. L'assistance apportée par Kildare aux prétendants des York, toutefois, obligea finalement le roi à le remplacer en 1494 par le militaire et diplomate anglais sir Édouard Poynings. Celui-ci représentait les intérêts anglais, sans rapport avec ceux des Anglo-Normands, qui jusqu'alors prévalaient en Irlande. Il convoqua immédiatement le Parlement de Drogheda, qui adopta des lois assurant la défense du Pale et la réduction du pouvoir des seigneurs anglo-irlandais. Il était interdit aux nobles d'opprimer leurs vassaux, de commettre des exactions contre les fermiers ou de constituer une armée avec leurs serviteurs. Poynings fit également confirmer les status de Kilkenny, qui contraignaient les Anglais et les Irlandais à vivre séparément, et interdisaient les lois et coutumes irlandaises dans le Pale. Toutes les charges d'État, y compris celle de juge, étaient affectées par le roi d'Angleterre, au détriment du vice-roi, et la législation anglaise devint officielle au Pale. La plus importante des lois fut la loi dite de Poynings, qui assujettit le Parlement irlandais à la couronne anglaise, en soumettant tout projet de loi à l'assentiment royal, avant qu'il ne soit adopté par la Parlement.

Henri VII rétablit finalement Kildare, le plus puissant des aristocrates irlandais, comme vice-roi. Sous le gouvernement de ce dernier, le Pale s'agrandit et prospéra. Mais sa famille, les Fitzgerald ou Geraldine, se rebella sous le règne d'Henri VIII (1509-1547) ; il fut battu et sa puissance détruite. Lorsque Henri VIII tenta d'introduire la Réforme en Irlande en 1537, la dissolution des monastères commença. Elle s'acheva quelque temps plus tard par la destruction des reliques et des statues religieuses. Les chefs gaëls furent réconciliés par un partage des dépouilles et reçurent des titres anglais, leurs terres leur étant rétrocédées sous le régime foncier anglais. Les Irlandais restèrent régis par leurs propres lois. Une commission anglaise tint des sessions dans toute l'île, mais le droit irlandais était respecté et le pays demeura en paix. Au Parlement de 1541, où furent présents pour la première fois chefs gaëls et seigneurs du Pale, le titre d'Henri seigneur d'Irlande, que lui avait conféré le pape, fut remplacé par celui de roi d'Irlande.

1. Une agitation religieuse croissante

Les évolutions religieuses sous les règnes d'Édouard VI (1547-1553) et de Marie Ire Tudor (1553-1558) eurent peu d'effets en l'Irlande. Bien que Marie fût elle-même catholique, elle fut à l'origine de la colonisation de l'Irlande par les Anglais. La population irlandaise des comtés rebaptisés de Kings et Queens (respectivement les actuels Offaly et Laois) fut chassée et les terres données à des colons anglais. La reine Élisabeth Ire (règne : 1558-1603) suivit d'abord la politique de son père visant à réconcilier les chefs irlandais, mais la rébellion du chef de l'Ulster, Shane O'Neill l'incita à adopter des mesures plus strictes ; une loi fut promulguée, divisant toute l'Irlande en comtés, et les officiers de justice furent investis de pouvoirs militaires, dont ils usèrent de façon arbitraire. Les guerres de religion de la reine Élisabeth furent accompagnées par les rébellions des catholiques irlandais. James Fitzgerald, seizième comte de Desmond, membre de la grande maison des Geraldine, qui gouvernait la plus grande partie du Munster, fut vaincu après une longue lutte. Le militaire irlandais Hugh O'Neill, troisième baron de Dungannon et deuxième comte de Tyrone, anéantit une armée anglaise sur la rivière Blackwater et battit aussi Robert Devereux, deuxième comte d'Essex, envoyé par Élisabeth. Aux environs de 1603, cependant, O'Neill fut contraint de se soumettre aux Anglais. Pendant cette guerre, les plus grandes cruautés et perfidies furent commises dans les deux camps. Afin de détruire la résistance irlandaise, les Anglais dévastaient les villages, les récoltes et le bétail, massacrant la population. La plus grande partie du Munster et de l'Ulster fut ravagée, et beaucoup d'habitants moururent de faim.

Sous Elisabeth et Jacques Ier, le pouvoir de l'Église d'État anglicane fut étendu à l'Irlande. L'Église d'Angleterre obtint tout ce qui appartenait à l'Église du Pale et reçut aussi les établissements appartenant à l'Église celtique. Une ancienne inimitié existait entre ces deux Églises irlandaises. L'Église du Pale, c'est-A-dire de Dublin et de sa région, fut affectée par la Réforme, alors que l'Église celte confirmait ses attaches catholiques romaines. La quasi-totalité de la population celtique d'Irlande et la majorité des habitants du Pale restèrent catholiques, et l'Église anglicane servit d'instrument politique aux dirigeants anglais du château de Dublin.

Durant le règne de Jacques Ier Stuart (1603-1625), le droit anglais fut proclamé seul droit du pays. Privés de leur indépendance, le comte de Tyrone et Rory O'Donnell, premier comte de Tyrconnel, ainsi que quelque cent autres chefs gaëls, s'enfuirent en 1607 pour Rome. Les terres de six comtés de l'Ulster septentrional furent confisquées. Les derniers vestiges de l'indépendance du Parlement irlandais furent détruits par la création de quarante circonscriptions à partir de petits hameaux, une manoeuvre politique qui assurait la majorité à la couronne anglaise.

Le gouvernement austère et ferme de Thomas Wentworth, premier comte de Strafford, vice-roi de Charles Ier, assura l'ordre et la prospérité en Irlande. En équilibrant le nombre de catholiques et de protestants au Parlement et en tenant la précédente promesse de tolérance, il parvint à obtenir des fonds abondants pour le roi dans son conflit avec le Parlement anglais. Les Gaëls, dépossédés de leurs terres en Ulster et ailleurs, profitèrent de la situation en Angleterre pour reconquérir leurs biens.

Sous le commandement du chef gaël Rory O'More, une conspiration fut fomentée en 1641 afin de prendre Dublin et chasser les Anglais. Les Irlandais parvinrent à expulser les colons anglais hors de l'Ulster. Des chroniqueurs anglais estiment à 30 000 le nombre de personnes tuées par les Irlandais, mais on pense que ce chiffre est exagéré ; les Écossais d'Ulster, en règle générale, furent épargnés. Les insurgés furent bientôt rejoints par les seigneurs catholiques du Pale, et ensemble ils choisirent un conseil suprême pour gouverner l'Irlande. Charles Ier (roi de 1625 à 1649) envoya Édouard Somerset, comte de Glamorgan, traiter avec eux ; ce dernier alla jusqu'A leur promettre la prédominance de l'Église catholique romaine en Irlande en récompense de leur assistance à Charles Ier. En 1647, l'alliance entre les seigneurs du Pale, qui ne désiraient rien d'autre que de pratiquer leur religion en paix, et les Gaëls, qui espéraient la restauration de l'ancien système foncier, prit fin. En 1648, l'homme d'État et militaire irlandais James Butler, douzième comte d'Ormonde, revint en tant que vice-roi de Charles Ier et s'allia aux seigneurs catholiques, gagnant ainsi l'Irlande à la cause royaliste.

2. L'Irlande de 1650 à 1700

En 1649, le militaire et homme politique anglais Oliver Cromwell débarqua à Dublin, que les seigneurs catholiques n'étaient pas parvenusàprendre. Se considérant comme les vengeurs protestants du soulèvement de 1641 10 000 soldats prirent d'assaut Drogheda et passèrent sa garnison de 2 000 hommes par les armes. L'attaque de Wexford eut un résultat similaire. Les successeurs de Cromwell, les militaires et régicides anglais Henry Ireton et Edmund Ludlow, gagnèrent la guerre, et une grande partie des meilleures terres du Munster, du Leinster et de l'Ulster fut confisquée et distribuée aux soldats de l'armée parlementaire. Les propriétaires catholiques et royalistes furent bannis dans le Connacht. Une partie des terres confisquées à cette époque fut ultérieurement restituée sous le règne de Charles II (1660-1685), mais au moins les deux tiers des terres d'Irlande restèrent entre les mains des protestants. La vice-royauté d'Ormonde, tout en maintenant la domination protestante, fit beaucoup pour restaurer l'ordre et promouvoir l'industrie. Le roi Jacques II (1685-1688), cependant, inversa la politique de Charles II. Avec le vice-roi de Jacques en Irlande, Richard Talbot, duc de Tyrconnell, les catholiques eurent accès à des charges administratives et prirent le contrôle de la milice qu'Ormonde avait préalablement organisée. En conséquence, la totalité de la population catholique se rangea du côté de Jacques II dans ce qu'on appela la "Glorieuse Révolution" de 1688. Ainsi, en 1689, lorsque Jacques débarqua à Dublin avec ses officiers français, Talbot disposait d'une armée irlandaise pour l'assister. Les colons protestants furent chassés de leurs foyers et trouvèrent refuge dans les villes d'Enniskillen et de Londonderry, que Jacques tenta de prendre. L'absence d'artillerie l'en empêcha, et la ville fut libérée par la mer. La session parlementaire de 1689 restitua toutes les terres confisquées depuis 1641 et promulgua un décret de confiscation des biens des partisans du roi Guillaume III d'Orange-Nassau (roi de 1689 à 1702). L'année suivante, Guillaume débarqua en Irlande et, en juillet 1690, à la bataille de la Boyne, il battit les forces irlandaises. Il ne parvint toutefois pas à prendre la ville de Limerick, qui se défendit courageusement. Une brillante tactique du patriote irlandais Patrick Sarsfield détruisit l'artillerie de Guillaume III, qui fut forcé de battre en retraite. L'année suivante, les généraux de ce dernier écrasèrent l'armée irlandaise devant la ville d'Aughrim, et Limerick dut capituler. Au terme du traité de Limerick (1691), les catholiques obtinrent une certaine liberté religieuse et les terres que ces derniers possédaient sous Charles II leur furent restituées.

Par la suite, le Parlement d'Angleterre obligea Guillaume à rompre les clauses du traité de Limerick sur la restitution des terres ; de son côté, le Parlement d'Irlande viola les termes accordant la tolérance religieuse, en promulguant les lois pénales à l'encontre des catholiques. Le commerce et les industries irlandais furent délibérément anéantis par les Anglais. Par les lois de 1665 et de 1680, l'exportation du bétail, du lait, du beurre et du fromage vers l'Angleterre fut interdite. Le commerce des laines, qui s'était développé parmi les protestants irlandais, fut également ruiné par une loi promulguée en 1699, qui interdisait l'exportation des laines d'Irlande vers quelque pays que ce soit. Il y eut de petites compensations pour ces préjudices : le commerce des toiles ne fut pas affecté. Il résulta de ces mesures un déclin économique progressif. De nombreux Irlandais émigrèrent, les catholiques vers l'Espagne et la France, les protestants vers l'Amérique.

3. Les influences révolutionnaires

La guerre de l'Indépendance américaine suscita beaucoup de sympathie en Ulster, en particulier chez les presbytériens qui, écartés des fonctions officielles, souhaitaient une émancipation générale, y compris des catholiques. En 1778, le Parlement irlandais vota le Relief Act (décret de délivrance), supprimant certaines des lois les plus oppressives. Pendant ce temps, les protestants irlandais, sous prétexte de défendre le pays contre les Français, qui s'étaient alliés aux Américains, avaient formé des associations de volontaires militaires fortes de 80 000 membres. Ainsi soutenus, ils demandèrent l'indépendance législative pour l'Irlande, et, à l'initiative de l'homme politique britannique Charles Jacques Fox, le Parlement britannique abrogea la loi Poynings et une grande partie de la législation anticatholique. Le Parlement irlandais était toutefois composé entièrement de protestants de l'Église officielle, qui refusaient d'étendre le droit de vote aux catholiques.

Les principes de la Révolution française trouvèrent un puissant écho en Irlande au sein de la Société des Irlandais unis, qui organisa la rébellion de 1798. Les paysans se soulevèrent à Wexford et, quoique insuffisamment armés, se battirent courageusement. Dublin fut en danger, mais les insurgés furent défaits par les forces régulières à Vinegar Hill. Une force française de 1 100 hommes débarqua dans la baie de Killala, mais arriva trop tard pour apporter une assistance efficace. Le Premier ministre britannique William Pitt, dit le Second Pitt, pensa que l'union législative du Royaume-Uni et de l'Irlande ainsi que l'émancipation des catholiques étaient le seul remède à la rébellion catholique et à la tyrannie protestante en Irlande. Par sa prodigalité et ses promesses de protection, il incita le Parlement irlandais à voter l'acte d'union et, le 1er janvier 1801, l'union fut proclamée. Mais, en raison de l'opposition de George III (roi de 1760 à 1820), Pitt ne parvint pas à tenir sa promesse d'émancipation pour les catholiques.

4. L'union avec le Royaume-Uni

L'histoire de l'Irlande après l'union à été principalement marquée par la lutte pour la liberté civique et religieuse irlandaise, et pour l'autonomie. A peine l'union avait-elle été établie que le mécontentement en Irlande donna lieu à un soulèvement armé, le 23 juillet 1803, sous la direction du patriote irlandais Robert Emmet. Ce soulèvement fut facilement réprimé et pendant un temps aucune révolte armée ne se produisit. En 1823 fut fondée l'Association catholique, qui réclama et finalement obtint l'émancipation complète des catholiques en Irlande. En 1828, les catholiques furent autorisés à tenir des offices religieux et, en 1829, ils obtinrent le droit de siéger au Parlement. La lutte porta alors sur les dîmes, que tous les Irlandais, catholiques inclus, étaient contraints de payer pour l'entretien de l'Église anglicane en Irlande. De grandes cruautés furent perpétrées dans les deux camps pendant la guerre dite des dîmes (Tithe War), qui était associée à une demande répétée de l'abrogation de l'acte d'Union. Différentes sociétés furent constituées pour poursuivre le mouvement, et un désordre considérable s'ensuivit, entretenu par la Société dite du Ruban (Ribbon Society).

La réforme du Parlement britannique en 1832 augmenta le nombre de membres irlandais de 100 à 105. En outre, elle donna à la classe moyenne plus de pouvoir, affaiblissant l'aristocratie pro-anglaise. En 1838 une loi fut promulguée, convertissant les dîmes en charges fermières, payées par les propriétaires ; en conséquence, l'agitation liée à l'Église anglicane s'apaisa pendant un temps. De 1846 à 1848, l'Irlande souffrit d'une grande famine imputable aux désastreuses récoltes de pommes de terre. Une fois encore, un grand nombre d'Irlandais émigrèrent, en particulier vers l'Amérique ; on à estimé que, à la fin de 1848, en raison de l'émigration et des décès dus à la famine, la population d'Irlande avait diminué de plus de 2 millions d'habitants.

5. Les organisations révolutionnaires

Dans les trente-cinq dernières années du XIXe siècle, de nombreuses réformes ecclésiastiques et agraires furent menées dans le pays. L'agitation pour le Home Rule (autonomie), cependant, prit une place majeure dans la politique irlandaise. Cette cause trouva un champion charismatique en la personne du nationaliste Charles Stewart Parnell. A cette époque, également, de nombreuses sociétés secrètes fomentèrent l'avènement d'une république irlandaise. Dès 1867, les membres les plus radicaux de ces sociétés, s'appelant eux-mêmes les Invincibles, avaient commencé une rébellion avortée dans les comtés de Dublin et de Kerry. En 1886, les mêmes révolutionnaires furent responsables du meurtre du ministre britannique chargé de l'Irlande, lord Frederick Charles Cavendish, et du secrétaire d'État, Thomas Henry Burke, en protestation contre le Coercion Act (loi de coercition) de 1881, qui donnait au lord lieutenant d'Irlande le pouvoir d'arrêter toute personne simplement soupçonnée de trahison, d'intimidation ou autres. Le Crimes Act (loi sur la criminalité), qui fut votée peu après le double meurtre, rendait les dispositions du Coercion Act plus rigoureuses. A Londres, le Premier ministre William Gladstone tenta de résoudre la question irlandaise par un Home Rule Bill (projet de loi d'autonomie), qu'il présenta en 1886. Cette loi aurait donné au Parlement irlandais le droit de désigner le pouvoir exécutif d'Irlande, bien que le pouvoir fiscal restât du domaine du Parlement britannique. Parnell accepta le projet, mais il rencontra une forte opposition en Ulster et au Royaume-Uni, et ne passa pas à la Chambre des communes. Gladstone présenta un autre projet de Home Rule en 1893, qui ne fut pas adopté par la Chambre des lords.

Pendant le dernier quart du XIXe siècle et la première décennie du XXe, deux nouvelles forces se développèrent dans la vie irlandaise, qui dans une large mesure se tenaient à l'écart des luttes politiques et religieuses : la Société de l'organisation agricole irlandaise (Irish Agricultural Organization Society),créée en 1894, et la Ligue gaélique, fondée en 1903. La première visait à faire dans le domaine économique ce que la seconde tentait de faire dans le domaine intellectuel, c'est-A-dire réhabiliter l'Irlande depuis l'intérieur. En 1902, le leader politique et journaliste irlandais Arthur Griffith fonda le Sinn Féin, qui devint un parti politique en 1905. Conçu d'abord comme une organisation visant à promouvoir le bien-être économique irlandais et à atteindre la complète indépendance de l'Irlande, le Sinn Féin devint le plus important parti politique du pays et une force prépondérante dans l'obtention finale de l'indépendance.

Voir aussi Irlande, république d' et Irlande du Nord.



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Irlande du Nord

I. Introduction

Irlande du Nord, en anglais Northern Ireland, partie nord-orientale de l'île d'Irlande, restée attachée à la Grande-Bretagne après l'indépendance des comtés du Sud en 1921, et formant avec elle le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord. L'Irlande du Nord est aussi communément appelée l'Ulster, car elle est issue du morcellement de l'ancienne province de l'Ulster dont elle comprend six des neuf comtés historiques. L'île de Rathlin et un chapelet de petites îles au large lui sont rattachés. Limitée, au nord-est, par le canal du Nord et au sud-est, par la mer d'Irlande, l'Irlande du Nord est limitrophe, au sud et à l'ouest, de la république d'Irlande. Sa capitale est Belfast.

II. Le pays et ses ressources

D'une superficie totale de 14 148 km2, l'Irlande du Nord s'étend sur près de 135 km du nord au sud et sur environ 175 km d'est en ouest. Son littoral, long d'environ 530 km, présente l'aspect très échancré des côtes à fjords (appelés ici loughs). Les deux principaux fjords, les loughs Belfast, à l'est, et Foyle, au nord, abritent les ports de Belfast et de Londonderry. Le littoral septentrional, au nord du plateau d'Antrim, offre une curiosité géologique célèbre, la Chaussée des Géants, immense dallage d'orgues basaltiques (colonnes hexagonales) de couleur sombre.

L'intérieur du pays est constitué d'une vaste dépression correspondant au prolongement de la zone écossaise des Lowlands. Cette vaste plaine est occupée au centre par le lough Neagh (env. 390 km2), le plus grand lac des îles britanniques. C'est un lac d'eau profonde, d'origine tectonique et fortement remanié par l'érosion glaciaire. L'emprise des glaciers quaternaires à partout façonné un paysage mou, mélange de terre et d'eau.

La plaine centrale est relevée sur les bords par de petits massifs de moyennes montagnes, constitués de roches primaires : les monts Sperrin (683 m), au nord-ouest, les monts Mourne au sud-est, où se situe le point culminant de la région, le Slieve Donard (852 m) et le plateau d'Antrim au nord-est, recouvert d'épanchements basaltiques d'âge tertiaire. Il se prolonge dans la mer par la spectaculaire Chaussée des Géants.

Les principaux fleuves sont le Foyle, qui sépare l'Irlande du Nord de la république d'Irlande au nord-ouest et qui se jette dans le lough Foyle, à Londonderry, ainsi que le Bann supérieur et le Bann inférieur. Ces deux derniers prennent respectivement leur source dans les monts Mourne et dans le lac Neagh ; le premier se jette dans le lac Neagh et le second dans le canal du Nord. Le faible dénivelé du relief empêche localement les eaux de s'écouler, créant de vastes marécages.

A. Climat

Le climat d'Irlande du Nord est un climat océanique, doux et humide tout au long de l'année. La température moyenne annuelle avoisine 10 °C, avec des étés relativement frais (la température moyenne de juillet est d'environ 14,4 °C) et des hivers assez doux (la température moyenne du mois de janvier avoisine 4,4 °C). Les vents d'ouest dominants réchauffés par le Gulf Stream expliquent ces faibles écarts de température. La pluviosité est régulière tout au long de l'année, les précipitations annuelles dépassant fréquemment 1 000 mm dans le Nord.

B. Ressources naturelles

L'Irlande du Nord est pauvre en ressources minières et énergétiques. Seule l'énergie hydraulique est naturellement abondante. Le sol fertile et les riches pâturages sont les ressources naturelles les plus précieuses du pays. L'exploitation du granit comme matériau de construction est localement importante, ainsi que l'emploi de la tourbe comme combustible.

C. Faune et flore

La faune et la flore d'Irlande du Nord sont les mêmes que celles rencontrées sur l'ensemble de l'île. La seule plante spécifique au nord de l'île est une espèce d'orchidée sauvage, Spiranthes stricta, qui pousse dans les vallées du Bann supérieur et inférieur. Il existe également, dans le lac Neagh, une variété locale de poisson d'eau douce appelée powan.

III. Population et société

La plupart des habitants sont d'origine écossaise ou anglaise. Ils sont appelés communément Scot-irlandais. Les autres sont Irlandais de souche, natifs d'Ulster principalement. La seule langue officielle est l'anglais. A la différence de la république d'Irlande, l'Irlande du Nord n'encourage pas le parler gaélique.

A. Démographie

En 1991, l'Irlande du Nord comptait 1 583 000 habitants, également répartis entre la ville et la campagne. La densité de peuplement, d'environ 112 habitants au kilomètre carré, est très inférieure à celle de la Grande-Bretagne. La population est inégalement concentrée dans la moitié orientale du pays, occasionnant un très net déséquilibre intérieur est-ouest.

La capitale, Belfast, située sur la côte orientale, est la plus grande ville d'Irlande du Nord avec une population de 325 000 habitants (estimation 1993). Elle concentre le tiers de la population et les quatre cinquièmes de l'équipement industriel du pays (chantiers navals, textile). Londonderry, au nord, est la deuxième ville du pays avec 72 334 habitants.

B. Découpage administratif

L'Irlande du Nord est formée de six comtés de l'ancienne province d'Ulster (Antrim, Armagh, Derry, Down, Fermanagh, Tyrone). Le pays est divisé en vingt-six districts, chacun doté d'une Assemblée élue.

C. Religion

La population d'Irlande du Nord est majoritairement protestante. Toutefois, les catholiques (près de 30 % de la population totale du pays) constituent une très forte minorité. Ils sont surtout nombreux à proximité de la frontière avec la république d'Irlande et dans certains ghettos urbains de Belfast et de Londonderry. Les protestants représentent 60 % de la population, mais sont divisés en plusieurs communautés. La plus importante est celle des presbytériens (23 %). A la différence de l'Angleterre, il n'y a pas d'Église établie en Irlande du Nord. Les années soixante-dix et quatre-vingt ont été le théâtre de violents conflits entre catholiques et protestants.

D. Enseignement

En Irlande du Nord, l'école est gratuite et obligatoire pour les enfants de 5 à 15 ans. Le système scolaire est semblable au système britannique. Le pays possède deux universités : l'université de Queen à Belfast (1845), et l'université d'Ulster (1984).

E. Culture

A l'origine, il n'y a pas de culture d'Irlande du Nord distincte de celle du reste de l'Irlande. Mais les vagues de colonisation anglaise et surtout écossaise, au cours du XVIIe siècle, ont fait se développer une identité culturelle propre à l'Ulster. La différence fondamentale entre les deux Irlandes est la religion. Par ailleurs, l'Irlande du Nord est davantage urbanisée et industrialisée que la république d'Irlande. Des chantiers navals et une puissante industrie textile s'y sont implantées dès le XIXe siècle, y fixant une population nombreuse.

L'Irlande du Nord partage, avec le reste de l'île, les gloires du passé. Le principal musée du pays se situe à Belfast. Il abrite une collection d'antiquités irlandaises.

F. Institutions et vie politique

1. Institutions

Du fait de son rattachement à la Grande-Bretagne, l'Irlande du Nord élit dix-sept membres à la Chambre des communes britannique. Les institutions nord-irlandaises trouvent leurs bases constitutionnelles dans le Government of Ireland Act, voté par le Parlement britannique en 1920 et plusieurs fois modifié sur accord des deux parties. Mais en 1972, Londres a imposé un gouvernement direct en raison du conflit politique et religieux opposant catholiques nationalistes et protestants unionistes. En 1973, une loi accorde une forte autonomie locale à l'Irlande du Nord. Une Assemblée et un gouvernement local, aux compétences étendues, obtiennent la possibilité d'exercer des pouvoirs décentralisés. La Grande-Bretagne garde le contrôle en matière de défense, de politique extérieure, de monnaie, de tarifs douaniers et de communications. En 1985, un accord anglo-irlandais confère au gouvernement de la république d'Irlande un rôle consultatif important dans la conduite des affaires nord-irlandaises. En 1998, l'accord de paix historique, dit de Stortmont, met en place de nouvelles institutions : une assemblée locale de 108 membres désignant un Premier ministre, dont dépendent les finances, l'agriculture, la santé et l'éducation ; un conseil Nord-Sud ; un conseil des Îles britanniques.

2. Partis politiques

Le Parti unioniste d'Ulster (Ulster Unionist Party, UUP) favorable au maintien de l'union entre l'Irlande du Nord et le Royaume-Uni, dirige l'Irlande du Nord de 1921 à 1972. Dans les années soixante-dix, les militants de droite du parti fondent le Parti démocratique unioniste (Democratic Unionist Party, DUP) et les unionistes libéraux le parti de l'Alliance (Alliance Party). Son principal adversaire politique est le Parti travailliste social-démocrate (Social Democratic and Labour Party, SDLP) et le Sinn Féin, parti des catholiques nationalistes.

IV. Économie

L'économie d'Irlande du Nord, qui repose sur l'agriculture et sur l'industrie, est gravement fragilisée par l'éloignement, l'insularité et les troubles politiques. L'Irlande du Nord donne l'image aujourd'hui d'un espace périphérique d'une relative pauvreté au sein de l'espace économique de la Grande-Bretagne et de l'Union européenne. Les indicateurs sociaux et économiques soulignent le retard de la région : revenu par habitant moindre, forte ruralité, taux de chômage élevé (proche de 50 % dans certains quartiers de Belfast). Les affrontements entre les communautés protestantes et catholiques contribuent à compromettre son développement. L'Irlande du Nord est aujourd'hui une zone assistée. Elle est l'un des bénéficiaires prioritaires de la politique d'aide au développement régional instaurée par l'Union européenne.

A. Agriculture et pêche

Les petites exploitations dominent en Irlande du Nord. Elles associent l'élevage et les cultures fourragères. Le cheptel à la fin des années quatre-vingt se répartissait entre, approximativement, 1,4 million de bovins, 1,9 million d'ovins, 607 000 porcins et 10,1 millions de volailles. Les principales cultures du pays sont la pomme de terre, l'orge, le foin, l'avoine, le navet, la pomme et la poire. L'épidémie de fièvre aphteuse survenue au début de l'année 2001 porte un coup très dur à l'élevage nord-irlandais, qui se voit mis sous embargo par l'Union européenne.

A la fin des années quatre-vingt, la quantité annuelle de prise de poisson atteignait 15 600 t. La pêche en mer est concentrée sur le littoral oriental, principalement au large de Newcastle ; on y pêche le merlan, le hareng et la coquille Saint-Jacques. La pêche en eau douce est également importante dans le lough Neagh, le lough Erne et l'Erne supérieure (saumons, truites, powans).

B. Industries

L'activité industrielle rentre pour beaucoup dans le produit national. A la fin des années quatre-vingt, les recettes industrielles d'Irlande du Nord étaient estimées à près de 2,3 milliards de dollars. L'industrie et le bâtiment emploient environ un cinquième des actifs. Les industries traditionnelles d'Irlande du Nord sont le textile (draperies, cotonnades) et l'habillement, la métallurgie, les constructions navale et aéronautique. Les grands chantiers navals se trouvent à Belfast. Les autres productions concernent les machines textiles, les industries d'équipement électrique et électronique, l'agroalimentaire, les spiritueux, l'industrie chimique.

C. Commerce extérieur

Près de 80 % du commerce extérieur nord-irlandais se fait avec la Grande-Bretagne, et la devise britannique est la monnaie légale d'Irlande du Nord. Une grande partie des exportations vers la Grande-Bretagne est ensuite réexportée à l'étranger. L'Irlande du Nord exporte toiles, textiles, confection, machines diverses et denrées alimentaires (viande, pommes de terre, produits laitiers).

V. Histoire

Pour l'histoire de l'Irlande antérieure à 1920, Voir Irlande : histoire. En 1920, alors que l'Irlande obtient son autonomie, six des neuf comtés de l'Ulster, la plus septentrionale des quatre provinces irlandaises, ont la possibilité d'être politiquement séparés du reste de l'Irlande et de préserver des relations étroites avec la Grande-Bretagne. Le Government of Ireland Act de 1920 transforme les six comtés en une entité politique séparée du Royaume-Uni, désignée sous le nom d'Irlande du Nord. Le traité du 6 décembre 1921 reconnaît par la suite à l'Irlande le plein statut de dominion. Le régime ulstérien, doté d'une Constitution et d'un Parlement gérant les affaires locales, reste subordonné au Parlement de Londres. La séparation entre les deux Irlandes devient définitive en 1925, avec l'établissement d'une frontière officielle. L'Irlande du Nord s'est en effet refusée d'envisager la possibilité d'une réunification. La majorité des Irlandais du Nord, de religion protestante, descendant pour la plupart de colons anglais et écossais, voient dans la séparation d'avec le sud catholique et l'union avec la Grande-Bretagne le moyen de sauvegarder leur religion et leur domination. Les catholiques irlandais vivent la création de l'Irlande du Nord comme l'ultime injustice infligée par les Britanniques au peuple irlandais.

Pendant cinquante ans, le Parlement irlandais, dominé par le parti unioniste, gouverne à sa guise. Il renforce la domination des protestants au moyen de l'écrasement politique, économique et social de la minorité catholique et nationaliste.

A. L'Irlande du Nord au lendemain de la Seconde Guerre mondiale

L'Irlande du Nord participe activement au second conflit mondial en envoyant ses soldats au combat. L'Ulster se reconvertit dans la construction d'armement et de matériels de guerre (navires, chars, avions, tissus d'uniformes militaires). Les ports de Belfast et de Londonderry sont de la plus haute importance stratégique pour la flotte alliée. La ville de Belfast subit des dommages considérables lors des attaques aériennes allemandes.

En 1949, l'Eire devient la république d'Irlande. Elle continue de revendiquer les six comtés du Nord. Le Parlement britannique déclare alors l'Irlande du Nord partie intégrante du Royaume-Uni. De 1956 à 1962, l'IRA (l'Armée républicaine irlandaise), clandestine, entame une campagne de terrorisme pour revendiquer la réunification des deux Irlandes. Mais, en 1962, le gouvernement de la république d'Irlande condamne officiellement le terrorisme comme moyen de réaliser l'unification.

B. La montée de la violence

Les catholiques nationalistes, hostiles à la partition depuis le premier jour, refusent de s'accommoder d'un régime politique qui fait d'eux des citoyens de seconde zone. Ils sont, en effet, l'objet d'une discrimination multiforme et systématique dans le domaine de l'emploi, du logement social et des droits civiques. En 1968, ils organisent une campagne en faveur de l'égalité des droits civiques. Celle-ci entraîne par contre coup le réveil de l'extrémisme protestant, incarné par Ian Paisley, et la situation devient vite explosive. En 1969, les manifestations anticatholiques de l'ordre d'Orange dégénèrent en bagarres, puis en émeutes. A Londonderry, le ghetto catholique de Bogside se mue en camp retranché. A Belfast, cent cinquante maisons catholiques sont incendiées (six morts, trois cents blessés). L'armée britannique est envoyée pour soutenir la police locale débordée. Le gouvernement de Londres tente de promouvoir des réformes. Mais Ian Paisley est élu, et la militante catholique Bernadette Devlin, députée au Parlement de Londres, est arrêtée en juin 1970.

Cette arrestation, qui entraîne de nouveaux combats, a pour effet de renforcer l'état de guerre civile régnant dans le pays depuis juillet 1969. L'IRA, tout en assurant la protection des quartiers catholiques, commence à multiplier les actions terroristes, notamment contre l'armée britannique. En 1972, la Grande-Bretagne, supprimant l'autonomie de l'Irlande du Nord, impose un gouvernement direct. En décembre 1973, une conférence tripartite historique réunit les chefs des gouvernements anglais, irlandais et d'Irlande du Nord. Un accord de coopération est signé, destiné à favoriser la coopération économique entre l'Ulster et la république d'Irlande. La réaction protestante est particulièrement violente. Des extrémistes déclenchent une grève générale insurrectionnelle, obligeant le gouvernement d'Irlande du Nord à renoncer à toute action de rapprochement avec la république d'Irlande.

Dans les années qui suivent, les mesures de police (internements préventifs), l'action de l'armée britannique, les actes terroristes commis par l'IRA (assassinat de lord Mountbatten en 1979) et par les extrémistes protestants (attentat contre Bernadette Devlin en 1981) entretiennent la haine et la peur entre les deux communautés religieuses.

En 1981, l'IRA adopte une nouvelle tactique destinée à raviver les sympathies internationales envers la lutte des catholiques nord-irlandais. Les membres de l'IRA détenus dans les prisons anglaises entament une grève de la faim, objet d'une grande médiatisation. Chaque décès provoque un nouveau cycle de violence et la situation reste politiquement et militairement bloquée pendant encore plusieurs années. La conférence intergouvernementale de 1985 est accueillie comme un pas important vers une coopération transfrontalière sur la sécurité, les problèmes économiques et sociaux. L'accord anglo-irlandais laisse entrevoir la possibilité d'une paix future. Toutefois, les unionistes protestants et quelques nationalistes irlandais dénoncent l'accord.

C. Vers une solution négociée ?

A l'aube des années quatre-vingt-dix, l'armée anglaise patrouille toujours dans les rues de Londonderry et de Belfast, l'IRA poursuit ses attaques terroristes sporadiques sur les civils et les militaires britanniques résidant dans les îles Britanniques ou sur le continent. En décembre 1993, Londres et Dublin lancent un appel conjoint en faveur d'un règlement pacifique du conflit, proposant au Sinn Féin de participer à des négociations à condition que cesse l'action terroriste de l'IRA. Le 31 août 1994, après vingt-cinq ans de lutte armée, l'IRA annonce un cessez-le-feu sans limitation de durée. Les milices protestantes font de même en septembre. Des pourparlers de paix, en vue du règlement politique d'un conflit qui a fait plus de trois mille morts depuis 1969, sont engagés, mais la reprise des attentats par l'IRA en 1996 enraye de nouveau le processus de paix.

Ce processus est cependant relancé, grâce à l'arrivée au pouvoir en république d'Irlande de Bertie Ahern et en Grande-Bretagne du travailliste Tony Blair, tous deux désireux de trouver un accord. L'annonce par l'IRA d'un cessez-le-feu en juillet 1997, l'acceptation par le Sinn Féin d'une solution démocratique et approuvée par la majorité de la population de l'Ulster, l'allègement des effectifs de l'armée stationnés en Irlande du Nord et la rencontre historique à Londres avec le leader du Sinn Féin, Gerry Adams, permettent la signature d'un accord de paix, le 10 avril 1998, entre les gouvernements de Londres et de Dublin, ainsi qu'entre les unionistes et les républicains du Sinn Féin.

L'accord de Stortmont (du nom du château où a été signé l'accord, situé près de Belfast et ancien siège du Parlement d'Irlande du Nord suspendu en 1972 par les Britanniques) prévoit un vote qui choisira entre l'unification avec la République d'Irlande ou le maintien dans le Royaume-Uni. D'une assemblée locale de 108 membres, qui désignera un Premier ministre, dépendront notamment les finances, l'agriculture, la santé et l'éducation. Pour favoriser la coopération entre les deux parties de l'île, un conseil Nord-Sud sera institué, tandis qu'un conseil des Îles britanniques regroupera toutes les régions autonomes du Royaume-Uni (Écosse, Pays de Galle et Ulster), ainsi que l'Angleterre et l'Irlande. Les questions de la réforme de la police d'Irlande du Nord, de la libération des détenus des deux camps et du désarmement des milices demeurent cependant en suspens.

Entériné par le principal parti protestant, le Parti unioniste d'Ulster (UUP), et soutenu par Gerry Adams, cet accord reçoit l'appui de l'Église anglicane d'Irlande, ainsi qu'un accueil favorable des milices unionistes, tandis que l'IRA le juge "significatif". Il est approuvé massivement par les Irlandais, tant en Ulster (71 % de "oui") qu'en république d'Irlande (94,5 %) lors du référendum de mai 1998.

Les élections de l'Assemblée semi-autonome, le 25 juin 1998, sont remportées par les partis modérés nationalistes et républicains, ayant soutenu l'"accord du Vendredi saint" : chez les catholiques, le Parti social démocrate travailliste (SDLP) conduit par John Hume (24 sièges) et le Sinn Féin (18) ; chez les protestants, l'UUP de David Trimble (28). Avec 20 sièges, le Parti démocratique unioniste (radical protestant) de Ian Paisley ne pourra pas paralyser l'Assemblée. David Trimble est élu Premier ministre d'Irlande du Nord et Seamus Mallon, catholique modéré, vice-Premier ministre.

La dynamique de paix est menacée en juillet par la volonté des orangistes de maintenir leurs défilés traditionnels, jugés provocateurs par les catholiques, et par les violences qui s'ensuivent (mort de trois enfants catholiques brûlés vifs dans un incendie criminel). Malgré l'attentat d'Omagh (Ulster) du 15 août (29 morts, plus de 220 blessés), revendiqué par un groupe dissident de l'IRA, "IRA véritable", opposé au processus de paix, celui-ci semble avancer et, le 10 septembre, David Trimble et Gerry Adams se rencontrent pour la première fois. En octobre, David Trimble et John Hume, leader du Parti travailliste d'Irlande du Nord (catholique), reçoivent le prix Nobel de la paix.

D. Vers un gouvernement autonome

Malgré le renforcement de l'arsenal antiterroriste britannique, les attentats continuent et ravivent les tensions entre protestants unionistes et catholiques républicains. Le processus de paix semble dans l'impasse : d'une part, l'IRA refuse un désarmement immédiat et, d'autre part, David Trimble s'oppose à la participation du Sinn Féin dans le futur gouvernement tant que l'IRA ne s'engage pas à déposer les armes selon un calendrier précis. A l'instigation des Premiers ministres britannique et irlandais, les négociations reprennent et, finalement, l'IRA et les milices protestantes s'étant engagées à déposer les armes en mai 2000, le premier gouvernement autonome biconfessionnel (5 ministres protestants et 5 catholiques, dont 2 du Sinn Féin) est formé en novembre 1999. Le transfert des pouvoirs a lieu en décembre, le budget, la politique monétaire, les affaires étrangères et la défense restant du ressort du pouvoir central. Deux mois plus tard, Londres suspend les institutions en réponse à la menace de démission de Trimble qui juge insuffisants les engagements de l'IRA. Celle-ci, tout en maintenant le cessez-le-feu, revient alors sur ses propositions, enrayant à nouveau le processus jusqu'A ce que, en mai 2000, elle s'engage à mettre ses armes "entièrement hors d'usage de façon totale et vérifiable". Cette proposition historique est acceptée par l'UUP de David Trimble, ce qui a pour effet de rendre possible la reformation du gouvernement autonome à Belfast et de relancer le processus de paix en Irlande du Nord. Cependant la situation demeure difficile : les négociations concernant le désarmement de toutes les factions, y compris l'IRA, sont au point mort, achoppant sur le calendrier et sur les modalités. L'autre grand dossier, la réforme de la police provinciale, la Royal Ulster Constabulary, soulève une forte opposition de la part des unionistes. Chargé du dossier, Chris Patten, l'ancien gouverneur de HongKong, avait suggéré l'abandon de l'adjectif "royal", afin d'ouvrir davantage cette police aux nationalistes, au grand dam des membres de l'aile droite du parti de David Trimble. Enfin la question de la réduction de la présence militaire britannique, dont les républicains font une priorité, reste en suspens tant que le désarmement des milices ne sera pas plus avancé. Malgré la visite de Bill Clinton à Dublin à la mi-décembre 2000 qui, lors de ce dernier voyage officiel de sa présidence, lance un vigoureux appel à consolider la paix en Irlande du Nord, la situation continue de se dégrader au cours du premier semestre 2001. En effet, les attentats reprennent, sous l'impulsion notamment de la branche dissidente, l'IRA véritable, qui le 4 mars 2001, fait exploser une bombe devant le siège de la BBC à Londres. Surtout la perspective de prochaines élections législatives en Grande-Bretagne amène chaque parti à raidir ses positions et à adopter une attitude plus ferme vis-A-vis de l'autre camp.

En juillet 2001, devant l'absence de désarmement de l'IRA, David Trimble démissionne de son poste de Premier ministre de l'Irlande du Nord. Son retrait entraîne celui du catholique Seamus Mallon, numéro deux de l'exécutif nord-irlandais. Les négociations reprennent entre les Premiers ministres britannique et irlandais, Tony Blair et Bertie Ahern, mais les pourparlers piétinent et des émeutes se déroulent à Belfast dans les semaines qui suivent.



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Irlande, république d'

I. Introduction

Irlande, république d', officiellement république ou État libre d'Irlande (en gaélique, Poblacht nah-Éireann), pays occupant le nord-ouest et le sud de l'île d'Irlande dans l'océan Atlantique, à l'ouest de la Grande-Bretagne dont elle est séparée par la mer d'Irlande et le canal Saint George. La république d'Irlande, dont la capitale est Dublin, couvre 70 273 km² sur les 84 000 km2 de superficie totale de l'île.

Indépendant depuis 1921, après sept siècles de domination britannique contre laquelle s'est forgée l'identité nationale, le pays comprend les provinces historiques de Leinster, Munster et Connacht ainsi que trois des neuf comtés d'Ulster. Les six autres comtés de cette province forment l'Irlande du Nord, qui fait partie du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord.

II. Milieu naturel

A. Relief

Le relief de l'Irlande porte l'empreinte des glaciations quaternaires ; il est constitué d'une alternance de plissements et de dépressions. Au centre, l'érosion a dégagé, sur le socle calédonien, une vaste plaine centrale calcaire (Burren), sillonnée de longues rides de gravier et de sable (os ou eskers). La région est parsemée de lacs et de tourbières, ainsi que de dépôts morainiques formant des collines de forme allongée, les drumlins, qui s'élèvent sensiblement au nord-ouest (monts Donegal, 750 m).

La plaine est entourée par des massifs côtiers que séparent des vallées et de petites plaines, ouvrant l'accès à la mer. L'altitude n'est guère élevée : les formations de grès rouge des monts de Kerry, au sud-ouest, culminent à 1 041 m au Carrantuohill. A l'est, les monts granitiques de Wicklow s'élèvent à 926 m. Le relief karstique du Burren, dans le comté de Clare, prolonge à l'ouest le massif cristallin des monts de Connemara (820 m) et au nord-est le plateau basaltique d'Antrim.

Les côtes se caractérisent par leur dissymétrie : basses et sablonneuses à l'est, elles se transforment en falaises abruptes et sont très découpées à l'ouest. La mer pénètre souvent loin à l'intérieur des terres, dans les fjords profonds, comme à Carlingfdord et à Killary, ainsi que dans les rias (baie de Dingle) façonnées par l'érosion glaciaire et la variation du niveau des océans. Les côtes irlandaises offrent ainsi de multiples ports naturels en eaux profondes, tel celui de la baie de Bantry, dans l'ouest du Kerry, l'un des mouillages les plus profonds d'Europe occidentale. Au large de la côte atlantique subsistent des chapelets d'îles (îles d'Aran, île Achill) autrefois rattachées à la grande terre.

B. Hydrographie

L'incertaine déclivité de la cuvette centrale, faisant obstacle au bon écoulement des eaux, a provoqué la formation de tourbières (bogs), situées principalement dans le Centre et dans l'Ouest, et qui occupent près du cinquième de la superficie de l'île. Sous l'action des glaciers sont nés de multiples lacs (loughs), entre lesquels circulent les cours d'eau.

Le Shannon, principal fleuve d'Irlande et le plus long des îles Britanniques, s'écoule ainsi lentement d'un lac à l'autre sur 368 km, depuis les collines du nord-ouest jusqu'A Limerick, où il se jette dans l'Atlantique. Rivières et fleuves - dont la Liffey, la Barrow, la Nore, la Boyne, la Blackwater, le Moy et le Suir - sont abondants et sinueux, en raison du peu de relief et du climat très humide.

C. Climat

En dépit de sa situation relativement septentrionale - entre 51° 5' et 55° 5' de latitude nord -, l'Irlande bénéficie d'un climat relativement doux, typiquement océanique, marqué par l'influence régulatrice du Gulf Stream qui réchauffe les eaux atlantiques. La nébulosité et les brouillards sont prédominants. L'uniformité climatique prévaut, le relief ne constituant nulle part un obstacle, et l'amplitude thermique annuelle est faible : les températures moyennes oscillent de 4 °C à 7 °C en janvier et de 14 °C à 16 °C en juillet. La douceur contraste avec l'humidité du climat : l'Irlande reçoit chaque année en moyenne 1 016 mm de pluie, répartis sur plus de 200 jours avec un maximum hivernal. La côte occidentale est plus exposée aux perturbations océaniques et aux forts vents d'ouest, porteurs de pluie et d'embruns : elle reçoit en moyenne 2 500 mm d'eau.

D. Végétation

L'humidité entretient dans la "verte Erin" des prairies permanentes couvrant 68 % de la superficie du pays. Le vert des herbages contraste avec les teintes rouges et noires des tourbières, autre élément essentiel du paysage irlandais. Les reliefs sont couverts de landes d'ajoncs et de bruyères. La douceur du climat permet à certaines espèces végétales méditerranéennes de se développer, notamment dans la baie de Bantry, au sud. La violence des vents d'ouest explique, en revanche, la faible couverture forestière, encore réduite lors de la colonisation anglaise. Ainsi, la forêt ne couvre aujourd'hui que 9,6 % du territoire, ce qui fait du pays l'un des moins boisés d'Europe.

III. Population et société

A. Démographie

La république d'Irlande est peu peuplée : en 2001, la population était estimée à 3 840 838 habitants, soit une densité moyenne d'environ 55 habitants au km², la plus faible de l'Union européenne. Ce chiffre dissimule un très fort déséquilibre en terme de répartition géographique : plus d'un tiers de la population se concentre, en effet, à Dublin, et dans certaines zones côtières de l'Ouest, la densité s'élève jusqu'A 160 habitants au km2.

Depuis les années soixante-dix, les comportements démographiques n'ont cessé de se rapprocher de ceux prévalant dans les autres pays européens, mais le poids de la tradition catholique s'exprime toujours. L'indice de fécondité demeure ainsi l'un des plus élevés d'Europe occidentale (1,90 enfant par femme en 2001). Les projections démographiques pour la période 1995-2000 indiquent également le maintien du taux de natalité - malgré une baisse rapide et constante - à un niveau important de 14,57 p. 1 000, le taux de mortalité étant de 8,07 p. 1 000.

L'espérance de vie, un peu inférieure à celle des pays voisins, s'élevait à 77 années en 2001. Malgré cet allongement de la durée de vie, la République irlandaise échappe au phénomène de vieillissement de la population, en raison de la forte natalité : près du quart des Irlandais ont moins de 15 ans.

Le fort accroissement naturel de la population (6,3 p. 1 000 pour 1995-2000) ne parvient pas à compenser l'hémorragie continue qu'a subie le pays au cours des 150 dernières années. En effet, durant cette longue période, la république d'Irlande a été l'un des seuls pays au monde dont la population ne s'est pas accrue, mais a singulièrement diminué. En 1841, l'île comptait 8,2 millions d'habitants ; un siècle plus tard, elle n'en comptait plus que 4,2 millions.

Ce dépeuplement a pour première explication la grande famine de 1846-1848. Provoquée par une maladie qui ravagea les récoltes de pomme de terre, première source d'alimentation à l'époque, celle-ci causa la mort de deux millions d'Irlandais. Cette famine fut à l'origine de la première vague d'émigration massive vers le Royaume-Uni et surtout l'Amérique du Nord. Ce désastre naturel fut amplifié par la situation économique et sociale de l'île. En effet, dans les campagnes surpeuplées, les paysans irlandais n'étaient que des tenanciers, soumis à des fermages prohibitifs, qui louaient ou sous-louaient à des intendants des terres morcelées à l'extrême, qui appartenaient à de grands propriétaires britanniques. La misère et, jusqu'A l'indépendance, le poids de la domination britannique, continuèrent d'alimenter une émigration, qui, si elle se réduisit après la Seconde Guerre mondiale, perdura jusque dans les années soixante-dix. Plus de 6 millions d'Irlandais émigrèrent entre 1845 et 1950. Le mouvement, pratiquement interrompu après 1970 en raison du décollage économique du pays, a repris dans des proportions moindres à la fin des années quatre-vingt. Il explique la stagnation de la population, dont la croissance annuelle n'a été, pour la période 1990-1995, que de 0,28 %.

Toutefois, la baisse du chômage résultant de l'essor économique continu que connaît l'Irlande depuis 1987, et qui s'est confirmée au cours des années quatre-vingt-dix, tend à inverser le phénomène ; en 1996, pour la première fois dans son histoire, le pays a enregistré un solde migratoire positif : les expatriés de retour au pays ont été plus nombreux que les émigrants. Si ces chiffres se confirment, l'Irlande sera en passe de devenir une terre d'émigration.

B. Divisions administratives et villes principales

La république d'Irlande est divisée en 26 comtés et en 4 bourgs-comtés : les villes de Dublin, Cork, Limerick, Waterford, dont les municipalités sont administrativement indépendantes des comtés. Les conseils de comté et les county borough corporations, les collectivités représentant les 4 bourgs-comtés, sont élus pour cinq ans, de même que les conseils de district urbain et les conseils municipaux, qui ont compétence, au niveau local, dans les domaines tels que la politique de santé, du logement ou la distribution d'eau.

Malgré les mutations économiques et sociales des dernières décennies, le taux d'urbanisation demeure très inférieur à celui des autres pays européens. En 1999, 58 % des Irlandais habitaient en ville. Plus d'un million d'entre eux vivent et travaillent dans l'agglomération de Dublin, la capitale, qui concentre environ 40 % de l'emploi industriel et commercial ainsi que l'essentiel des activités administratives et culturelles. La deuxième ville du pays, Cork, le grand port irlandais, ne compte qu'un peu plus de 180 000 habitants (1996). La politique d'aménagement du territoire menée par les pouvoirs publics vise à créer d'autres pôles urbains dans le pays, afin de limiter l'exode rural vers la capitale. Les villes les plus dynamiques sont, dans l'ouest rural, Limerick (79 000 habitants), centre commercial, et Galway, ville universitaire (57 000 habitants), et dans le sud-est, Waterford (44 000 habitants), centre de l'industrie agroalimentaire.

C. Institutions et vie politique

1. Pouvoir exécutif

Aux termes de la Constitution de 1937, qui ne peut être modifiée sans l'approbation de la population, par voie référendaire, l'Irlande est une démocratie parlementaire.

Le chef de l'État est le président de la République, élu au suffrage universel direct pour un mandat de sept ans ; c'est une fonction essentiellement représentative.

Le Premier ministre, responsable devant la Chambre des représentants (Dáil), détient le pouvoir exécutif. Il est nommé par le président sur avis du Dáil. Les membres du gouvernement sont choisis par lui, après approbation des représentants du peuple, et nommés par le président de la République.

2. Pouvoir législatif

Le Parlement irlandais est bicaméral. Le Dáil compte 166 représentants, élus pour cinq ans au suffrage universel direct, selon un mode de scrutin proportionnel. Le Sénat (Seanad) est constitué de 60 membres, dont 11 sont nommés par le Premier ministre, 6 sont élus par des universitaires et 43 sont choisis au sein d'un collège électoral de quelque 900 représentants des collectivités locales, du monde du travail, de l'Administration, des services sociaux, du commerce et de l'industrie, ainsi que de la culture. Le Sénat vote les lois mais ne peut défaire un gouvernement.

3. Pouvoir judiciaire

Comme aux États-Unis, la Cour suprême, dont les juges sont nommés par le président de la République sur recommandation du gouvernement, est à la fois la plus haute instance judiciaire, qui juge en dernier recours des appels, et l'organe de contrôle de la constitutionnalité des lois. Elle est saisie, dans ce cas, par le président de la République. Les autres instances judiciaires sont la cour criminelle centrale, la chambre criminelle de la cour d'appel, les tribunaux de district et les tribunaux de circuit.

4. Partis politiques

La vie politique irlandaise a longtemps été dominée par deux partis de droite dont l'opposition remontait à l'indépendance, en 1922 : le Fianna Fáil ("Guerriers de la destinée", 1926) et le Fine Gael ("Famille des Gaels", 1933). Fondé par Eamon De Valera, père de l'indépendance irlandaise, le Fianna Fáil représentait traditionnellement la petite bourgeoisie nationaliste, les classes moyennes et les petits fermiers. Plus modéré, le Fine Gael, parti de centre droite, recrutait davantage au sein de la grande bourgeoisie, des professions libérales et des gros agriculteurs. Ces clivages demeurent en grande partie valides.

Depuis le début des années trente, tous les Premiers ministres appartiennent à l'un ou l'autre parti, mais une recomposition politique s'est amorcée depuis la fin des années quatre-vingt, avec une progression de la gauche. Cette recomposition a été marquée, en 1990, par l'élection à la présidence de la République de Mary Robinson, soutenue par le Parti travailliste (Labour Party) et la Gauche démocratique. La Gauche démocratique est une formation émanant d'un mouvement marxiste fondé dans les années soixante-dix par une partie du Sinn Féin, branche politique de l'Armée républicaine irlandaise (Irish Republican Army, IRA). Mais, en 1997, le centre droit revient au pouvoir avec Bertie Ahern comme Premier ministre et Mary Mac Aleese comme présidente de la République.

5. Défense nationale

En 1999, l'Irlande a consacré à sa défense 0,9% du PIB. Les forces militaires irlandaises (Permanent Defence Force), regroupent 12 700 hommes auxquels s'ajoutent 16 450 réservistes. Le recrutement se fait sur la base du volontariat. En 1949, la république d'Irlande a refusé d'adhérer à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Les statuts de l'Alliance garantissaient, en effet, à tous les pays signataires - dont le Royaume-Uni - l'intégrité de leur territoire : c'eût été reconnaître comme définitive la séparation des deux Irlandes, ce que le gouvernement refusait de faire.

D. Langues et religions

L'anglais et le gaélique, la langue nationale (voir Celtiques, langues), sont les deux langues officielles du pays. Environ 25 % des Irlandais pratiquent le gaélique, que les gouvernements successifs, depuis l'indépendance, ont cherché à promouvoir. Les écoles du pays enseignent les deux langues.

La liberté de culte est garantie par la Constitution. Le catholicisme est la religion de 95 % des habitants. Les protestants, appartenant principalement à l'Église d'Irlande, anglicane, à l'Église méthodiste et à l'Église presbytérienne, sont davantage représentés à Dublin que dans le reste du pays.

L'autorité suprême de l'Église catholique est exercée par l'évêque d'Armagh (Irlande du Nord), primat d'Irlande, l'évêque de Dublin n'étant que primat de l'Eire (république d'Irlande). Le catholicisme a joué un rôle essentiel dans la définition d'une identité irlandaise, par opposition à l'Angleterre protestante. Sous la domination britannique, la revendication de l'appartenance religieuse et du libre exercice du culte catholique - les offices publics ont été interdits jusqu'A la fin du XIXe siècle - était indissociable de la lutte pour les droits civiques et pour l'indépendance.

Le poids de la tradition et l'influence de l'Église catholique - notamment dans le domaine de l'enseignement - ont contribué à faire de l'Irlande un pays conservateur, à l'écart des mouvements de société européens. Ce n'est qu'en 1972 qu'a été abrogée une disposition constitutionnelle accordant un "statut spécial" à l'Église catholique dans la société. Les mentalités évoluent toutefois, d'autant que plusieurs scandales, depuis le début des années quatre-vingt-dix, ont affaibli l'autorité morale de l'Église. En portant Mary Robinson à la tête de l'État, les Irlandais ont choisi une femme, mariée à un protestant, militante du droit au divorce et du planning familial. Cependant, cette évolution demeure lente ; ainsi l'accès à la contraception est toujours difficile. En 1992, invités à se prononcer par référendum, les Irlandais ont rejeté la légalisation de l'avortement. En revanche, en novembre 1995, ils ont accepté - à une faible majorité - de libéraliser la législation sur le divorce.

E. Éducation

L'enseignement est obligatoire et gratuit pour tous les enfants âgés de 6 à 15 années. En 1995, le taux d'alphabétisation des plus de quinze ans était de 98 %.

Au début des années quatre-vingt-dix, l'État consacrait aux dépenses d'éducation 6,2 % du produit intérieur brut, 6,3 % en 1997. La plupart des établissements scolaires, subventionnés par l'État, sont confessionnels, contrôlés par l'Église catholique romaine ou l'Église d'Irlande.

L'enseignement secondaire comprend deux types de cycles : un cycle d'enseignement général menant à l'université et un cycle technique proposant une formation technique et générale. En 1992, 82 % des douze-seize ans étaient scolarisés dans le second degré ; 34 % des jeunes Irlandais poursuivaient des études supérieures.

La première université irlandaise, le Trinity College, a été fondée en 1592 et demeura longtemps un bastion de la culture protestante. L'autre grande université est la National University of Ireland, fondée en 1908, à Dublin.

F. Arts et vie culturelle

Peuplée depuis le Mésolithique, l'Irlande, abritée par sa position insulaire, a développé une culture originale marquée par l'héritage celtique. Parmi les peuples celtes qui s'établissent dans l'île à partir du VIIIe siècle av. J.-C., les Gaëls imposent leur civilisation. Les plus anciens témoignages en langue celte (gaélique) sont des inscriptions funéraires gravées vers le Ve siècle en caractères dits "oghamiques" dans le Kerry.

L'Irlande est christianisée à partir du Ve siècle par saint Patrick. Le passage de l'Irlande païenne au christianisme s'effectue pacifiquement, les druides et les familles royales se convertissant les premières. Les évangélisateurs savent composer avec les croyances ancestrales et préservent la culture préchrétienne. Une culture originale se forge ainsi, synthèse entre le christianisme monastique et la tradition gaélique.

1. Littérature

Par leurs transcriptions, les moines irlandais contribuent à la transmission des récits des filid, poètes appartenant à la classe sacerdotale des druides. Deux grands cycles mythologiques, chefs-d'oeuvre de la littérature gaélique, nous sont ainsi parvenus, le cycle de l'Ulster (branche rouge) et le cycle Fenian (ossianique) qui content l'histoire de héros légendaires tels que Cu´ Chulainn Medb, Finn Mac Cumhail et Déirdre.

La politique d'anglicisation menée par les Tudors contribue au déclin des traditions gaéliques ; mais la disparition des derniers bardes, vers 1650, est sans doute aussi due à l'épuisement du genre et à l'impossibilité de trouver des maîtres capables de transmettre une technique particulièrement difficile à maîtriser. Les grands écrivains irlandais, comme Jonathan Swift, Oliver Goldsmith ou George Bernard Shaw, s'expriment désormais en anglais. Cette Renaissance irlandaise, qui adopte la langue anglaise sans renier le vieux fonds celtique et irlandais, produit des oeuvres marquantes, comme les poèmes de William Butler Yeats, les pièces de Sean O'Casey, les écrits de George Russell - sous le pseudonyme de AE - ou de James Joyce.

A Dublin, l'Abbey Theatre, fondé en 1904 par Yeats et lady Gregory, permet l'essor d'un théâtre illustré par Padraic Colum et John Millington Synge. Parmi les écrivains irlandais contemporains, on peut citer Brendan Behan qui écrit en gaélique et en anglais, Edna O'Brien, Frank O'Connor, Sean O'Faolain et, plus proche de nous, Roddy Doyle. Voir Anglaise, littérature ; Irlande, littérature d'.

2. Arts graphiques et picturaux

Au Moyen Âge, les arts de la calligraphie et de l'enluminure atteignent un niveau de qualité rare, comme en témoigne le Livre de Kells, dont la calligraphie est l'une des plus belles de l'époque. Après la conquête anglo-normande, au XIIe siècle, l'art connaît une longue éclipse. Ce n'est qu'après le XVIIe siècle que peintres et sculpteurs irlandais s'affirment de nouveau. Ce sont des peintres irlandais, comme George Barret et le paysagiste Nathaniel Hone (1714-1784), qui fondent avec sir Joshua Reynolds la Royal Academy de Londres, en 1768. Daniel Maclise peint les magnifiques fresques de la Galerie royale de la Chambre des lords. Nathaniel Hone Jr., John Keating, Sean O'Sullivan et Walter F. Osborne font partie des peintres les plus connus du XIXe siècle.

3. Musique

Dès le XIIe siècle, la harpe devient le symbole de l'Irlande ; elle accompagne les chanteurs et poètes, dont le plus célèbre, Torlogh O'Carolan, compose quelque deux cents chansons sur des thèmes divers, qui sont publiées à Dublin, en 1720. Un festival annuel, le feis, destiné à préserver et à encourager l'utilisation de la harpe, est créé peu après. Cette tradition populaire est perpétuée par Thomas Moore, qui fait largement appel aux travaux de ses prédécesseurs dans ses fameuses Mélodies irlandaises.

Riche d'une musique originale, l'Irlande ne produit que tardivement des oeuvres plus conventionnelles. Les nocturnes du pianiste John Field remportent vers 1830 un succès qui dépasse les frontières de l'Irlande. Le compositeur Michael William Balfe est connu pour son opéra The Bohemian Girl. Le ténor John McCormack est l'un des plus grands chanteurs contemporains de classique. L'Irlande est également le berceau de nombreux chanteurs et musiciens de rock : Van Morrison, U2, les Saw Doctors, Sinead O'Connor, les Pogues et les Cranberries.

4. Institutions culturelles

Riche de plus de 500 000 ouvrages, la National Library of Ireland, à Dublin, est la plus grande bibliothèque publique d'Irlande. La bibliothèque de Trinity College, fondée en 1601, conserve environ 2,8 millions de volumes, dont le Livre de Kells. Le National Museum abrite des spécimens remarquables de l'artisanat exécutés sur métal, au début de la période d'évangélisation de l'Irlande, dont la broche de Tara, le calice d'Ardagh, la châsse de la cloche de Moilough. La National Gallery of Ireland, à Dublin, présente une importante collection d'oeuvres des différentes écoles de peinture européennes.

IV. Économie

A. Généralités

En quelque trente ans, l'Irlande, qui était un des pays les plus pauvres de l'Europe du Nord et qui accumulait un important retard, s'est industrialisée. Sa croissance est comparée aujourd'hui à celle des "dragons" de l'Asie du Sud-Est, et elle est surnommée le "tigre celtique".

En 1995, le produit intérieur brut (PIB) s'élève à 60,1 milliards de dollars et occupe le 28e rang mondial. Depuis 1987, le PIB connaît une croissance annuelle moyenne de 5 %, exceptionnelle au regard des performances économiques des autres pays de l'Union européenne (UE). En 1996, la croissance irlandaise était la plus élevée des 25 pays de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), avec une progression du PIB de 7 %. Cette croissance s'est poursuivie, et elle a atteint 8,3 % en 1997, 9,5 % en 1998 et les prévisions tablent sur des taux similaires pour les prochaines années (environ 10 % prévus pour 1999). Cette croissance s'est effectuée dans un premier temps sans flambée inflationniste (1,8 % en 1996 et 1,6 % en 1997), mais la surchauffe de l'économie a finalement entraîné une hausse des prix (3,4 % en 1998 et 3,2 % prévus en 1999). L'Irlande figurait parmi les seuls pays de l'UE satisfaisant aux critères définis par le traité de Maastricht pour l'entrée dans l'Union monétaire européenne à venir. En revanche, malgré une baisse continue depuis 1992, le taux de chômage est resté élevé : en avril 1996, 11,9 % de la population active était à la recherche d'un emploi, 10,4 % en décembre 1997 et 6,4 % en décembre 1998. Le pays souffre, en outre, d'une pénurie de main d'oeuvre qualifiée.

L'essor économique - on parle même de "miracle économique" - a pu avoir lieu grâce à l'ouverture du pays sur le monde extérieur. En 1958, l'Irlande se lance dans une nouvelle politique économique, rompant avec le protectionnisme qui prévaut depuis l'indépendance. La libéralisation des échanges s'accompagne d'un appel aux capitaux étrangers. Ainsi, de nombreuses entreprises étrangères s'implantent sur le territoire irlandais. Dans le même temps sont mis en place une planification souple et un programme d'expansion.

En 1972, la république d'Irlande adhère au Marché commun, qui précède la Communauté économique européenne et l'Union européenne. L'intégration économique européenne permet au pays de connaître une mutation impressionnante, malgré la crise mondiale qui frappe brutalement l'économie irlandaise après 1979.

En 1950, la majorité des Irlandais vit encore de l'agriculture. Aujourd'hui, plus de la moitié de la population active travaille dans le secteur des services (62,3 % ; estimation 1996), et l'industrie de transformation fournit l'essentiel des exportations.

B. Agriculture, forêts et pêche

1. Agriculture et élevage

Malgré une mutation rapide, le secteur agricole emploie encore aujourd'hui 10,6 % de la population active (estimation 1996 ; la moyenne pour les pays de l'Union européenne est de 5 %). Cette part devrait cependant continuer de diminuer en raison de la mécanisation et d'un exode rural continu allié à un vieillissement de la population agricole : en 1990, plus de 50 % des agriculteurs étaient âgés de plus de cinquante ans.

Le rôle de l'agriculture dans l'économie nationale n'est pas négligeable : en 1995, l'excédent de la balance agricole représente 8,1 % du PIB. A cela s'ajoute une contribution indirecte à travers l'important secteur agroalimentaire.

Deux types d'agriculture coexistent : une agriculture compétitive et spécialisée dans le sud et l'est du territoire, encouragée par les organisations agricoles et le mouvement coopératif fondé au XIXe siècle par l'Église catholique et favorisée par les conditions physiques ; ainsi qu'une agriculture extensive et largement subventionnée dans le Centre et l'Ouest.

Les terres cultivées - situées principalement dans l'Est et le Sud - ne représentent que 19,7 % de la surface du pays, les principales cultures étant celles de l'orge, du blé, de l'avoine et de la pomme de terre. Dans ce pays de prairies, l'élevage est dominant : la production animale représente 88 % de la production agricole totale. Bovins (6 707 500 têtes en 2000) et ovins (5 393 000 têtes) sont élevés dans les plaines de l'Ouest et du Centre. L'industrie laitière est concentrée dans le sud du pays.

2. Sylviculture

Le gouvernement irlandais a entrepris de vastes projets de reboisement (en particulier, dans les monts Wicklow) afin de limiter la dépendance du pays vis-A-vis des importations de bois, et de fournir des matières premières à de nouvelles papeteries ainsi qu'aux industries associées. Environ 80 % des forêts appartiennent au Coillte Teoranta, l'Office gouvernemental des forêts. La production de bois, en 1999, était de 2,51 millions de m³.

3. Pêche

La pêche, secteur traditionnellement sous-exploité, s'est considérablement développée ces dernières années. En 1997, le total des prises s'est élevé à 329 496 t. Le hareng, la morue, le maquereau, le merlan et la plie sont pêchés en haute mer. Les fleuves et les rivières du pays, très poissonneux, sont riches en saumons, truites, anguilles et diverses variétés de poissons blancs.

C. Mines et industries

1. Exploitation minière et énergie

Le secteur minier est peu important (1 % de la population active ; moins de 1 % du PIB). La production est faible, malgré la découverte récente de nouveaux gisements. En 1999, 0 t de charbon, 226 000 t de zinc et 33 800 t de plomb étaient extraites du sous-sol.

La production nationale d'énergie ne couvre que 34,5 % des besoins. Les gisements de gaz naturel de Kinsale et de Ballycotton, exploités depuis 1991, ont fourni 1,42 milliards de m3 en 1999. Environ 4 millions de t de tourbe sont extraites chaque année sous le contrôle du Bord na Morna. Cet organisme public exploite une trentaine de tourbières dans les plaines centrales, ce qui permet d'alimenter les grandes centrales électriques.

La tourbe ne représente cependant que 14 % des combustibles utilisés pour la production d'électricité, contre 42 % pour le charbon, importé en grandes quantités, 23 % pour le gaz et 16 % pour le pétrole. L'énergie hydraulique ne contribue qu'A hauteur de 4,63 % à la production nationale.

2. Industrie

Environ 26 % (estimation 1996) de la population active travaille aujourd'hui dans le secteur industriel. En dix ans, de 1985 à 1995, la production industrielle a plus que doublé. La part de l'industrie dans la formation du PIB (10 %) ne reflète pas son importance dans l'économie nationale. L'industrie de transformation, encouragée à partir des années trente, s'est profondément transformée et diversifiée dans les dernières décennies. Elle contribue de manière essentielle aux exportations, les produits manufacturés représentant 80 % des exportations globales.

Ces résultats sont en grande partie le fruit de la nouvelle politique menée à partir de la fin des années cinquante. En 1959 a été créée, à proximité de l'aéroport de Shannon, la première zone franche au monde. Attirées par une fiscalité avantageuse (l'impôt sur les bénéfices est ainsi plafonné à 10 % jusqu'A l'an 2000) et par de fortes subventions, mais aussi par les salaires relativement bas pratiqués en Irlande et une faible syndicalisation, de multiples entreprises étrangères - pour la plupart de haute technologie - se sont implantées en Irlande. Des firmes britanniques et allemandes (respectivement 40 et 20 % des investissements étrangers) se sont ainsi délocalisées pour accroître leur compétitivité ; les sociétés américaines (20 % des investissements étrangers), et plus récemment japonaises utilisent l'Irlande pour pénétrer plus facilement le marché européen. Le gouvernement a cependant dû revenir sur certaines libéralités, car un certain nombre de ces entreprises ont quitté l'Irlande après avoir profité plusieurs années durant des avantages qui leur étaient accordés, laissant derrière elles de nouveaux chômeurs.

Les deux premières activités, réalisant 54 % de la valeur ajoutée industrielle, sont la fabrication du matériel de transport et l'agroalimentaire. Cette dernière est dominée par le brassage et la distillation de whisky et de bière. Guinness est ainsi le premier employeur du pays et le premier exportateur mondial de bières. La fabrication de produits laitiers et de produits charcutiers est également importante.

Les industries traditionnelles (cuir, lainages, textile) reculent au profit du matériel électrique et des composants micro-électroniques.

D. Secteur tertiaire

Symbole de la mutation économique et sociale irlandaise, le tertiaire est devenu le secteur dominant ; il emploie aujourd'hui 62,3 % (estimation 1996) de la population active et contribue pour environ 80 % au PIB.

1. Secteur financier

L'unité monétaire du pays est la livre irlandaise (punt), elle est émise par la Banque centrale d'Irlande, créée en 1942. Jusqu'A l'adhésion de l'Irlande au Système monétaire européen (SME) en mars 1979, la livre irlandaise s'échangeait à parité avec la livre sterling britannique, mais les critères imposés par le SME ont mis un terme à cette situation. En 2002, l'euro, monnaie unique européenne, devenue monnaie officielle le 1er janvier 1999, remplacera définitivement la livre irlandaise, sous forme d'espèces monétaires.

Les grandes banques commerciales (ou affiliées) et leurs succursales sont rattachées à la Banque centrale. Les opérations de fusion qui ont eu lieu au début des années quatre-vingt-dix ont limité à quatre le nombre des banques affiliées. Le nombre de banques d'affaires augmente, et de plus en plus de grandes banques européennes et nord-américaines créent des succursales à Dublin.

L'Irlande bénéficie encore d'importantes subventions de la part de l'Union européenne pour développer ses infrastructures et freiner l'exode rural. Si la dette publique brute demeure importante (87,9 % du PIB en 1995), le pays maintient son déficit budgétaire (2,6 % du PIB), dans les limites fixées pour l'entrée dans l'Union économique et monétaire ; un excédent budgétaire est même annoncé pour 1999.

2. Transports

L'existence d'un habitat rural dispersé explique l'importance du réseau routier qui s'étend sur 92 500 km. Les 1 945 km de voies ferrées sont exploités par Irish Railways (Iarnod Éireann), entreprise autonome au sein de la Compagnie irlandaise de transports.

Le réseau fluvial ne compte que 435 km de voies navigables. Le port de mer le plus important du pays est Dublin, et le plus grand port de transit pour les voyages transatlantiques est Cork. Parmi les autres ports notables du pays figurent Dún Laoghaire, Waterford, Rosslare et Limerick.

Le pays possède trois aéroports internationaux à Shannon, Dublin et Cork. Un nouvel aéroport a été construit à Knock, dans le comté de Clare, dans les années quatre-vingt. Plusieurs compagnies aériennes internationales, dont la compagnie nationale Aer Lingus, proposent des liaisons régulières avec la Grande-Bretagne et les grandes villes du monde.

3. Tourisme

Une promotion efficace assure une croissance continue du tourisme. Chaque année, près de 4 millions de touristes visitent l'Irlande, séduits par les paysages grandioses du Kerry et du Connemara. En 1997, les recettes touristiques s'élevaient à 2,22 milliards de dollars, ce qui fait du tourisme le principal poste de recettes de la balance des invisibles.

E. Commerce extérieur

Les sociétés étrangères implantées en Irlande contribuent largement aux bons comptes extérieurs du pays. En 1995, l'excédent de la balance commerciale représentait 3,4 % du PIB. La balance des paiements courants était également excédentaire de 4 milliards de dollars.

En intégrant le Marché européen, l'Irlande entendait développer ses échanges et réduire sa dépendance vis-A-vis du Royaume-Uni. Le choix européen a effectivement été positif : en 1994, l'Union européenne (UE) fournissait 58,3 % des importations irlandaises et recevait 72 % des exportations. Mais l'économie irlandaise demeure fortement liée à celle du voisin britannique, dont proviennent encore près de 40 % des importations et vers lequel sont dirigées environ 30 % des exportations.

Les principaux biens exportés sont les équipements électriques et électroniques (environ 25 % du montant global des exportations), les produits agroalimentaires, le matériel de transport, les produits textiles. L'Irlande importe biens d'équipement, pétrole et dérivés, produits chimiques, denrées alimentaires, fer et acier.

V. Histoire

A. La révolution irlandaise (1916-1922)

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, l'Irlande se trouve au bord de la rupture. Le vote du Home Rule n'a fait qu'attiser les tensions entre nationalistes catholiques, qui réclament désormais l'indépendance de l'île et les unionistes protestants, qui veulent maintenir l'Ulster au sein du Royaume-Uni. Malgré cette situation de crise, la majorité des Irlandais adopte une attitude loyaliste dans le conflit mondial. Cependant, les nationalistes les plus radicaux, encouragés dans leur attitude par une série de maladresses de la part du gouvernement britannique, refusent de collaborer avec l'Angleterre. C'est le cas de la Citizen Army, fondée en 1913 par James Connolly, et d'une partie des Irish Volunteers (volontaires irlandais), placés sous les ordres de l'Irish Republican Brotherhood (Fraternité républicaine irlandaise, IRB), la société secrète des fenians.

1. L'insurrection nationaliste

Dès le mois d'août 1914, les dirigeants de l'IRB décident de tenter un soulèvement avant la fin du conflit. Le 24 avril 1916, un millier de combattants nationalistes s'emparent du quartier de l'hôtel des Postes, qu'ils tiennent pendant cinq jours. L'insurrection demeure minoritaire, mais ces Pâques sanglantes, qui font environ cinq cents victimes civiles, ont de profondes répercussions dans les esprits. La violence de la répression anglaise, l'exécution de quinze des dirigeants nationalistes, dont Patrick Pearse et James Connolly, favorisent le ralliement de la population au Sinn Féin, le parti nationaliste irlandais, créé en 1902 par Arthur Griffith, journaliste de Dublin.

Lors des élections de 1918, les candidats du Sinn Féin remportent soixante-treize des cent six sièges dévolus à l'Irlande au sein du Parlement britannique. Parmi les élus figurent Eamon De Valera, ancien chef de l'insurrection de 1916, dont la condamnation à mort a été commuée en peine de prison à vie, Arthur Griffith et Michael Collins, le chef des Irish Volunteers - qui deviendront l'Irish Republican Army (IRA). Exigeant l'instauration d'une République irlandaise indépendante, englobant la totalité du territoire de l'île, les députés du Sinn Féin, du moins ceux qui ne sont pas en prison, boycottent le Parlement de Westminster et se constituent, le 21 janvier 1919, en une Assemblée d'Irlande (Dáil Éireann), qui adopte une Constitution provisoire et élit De Valera président de la nouvelle République irlandaise. Évadé de sa prison en février 1919, De Valera constitue en avril le premier gouvernement républicain irlandais.

2. La partition de l'île

La réplique britannique est immédiate, et des unités formées d'anciens combattants de 1914 et de loyalistes protestants sont chargées de "pacifier" le pays. Les Black and Tans font régner une véritable terreur, à laquelle répond l'action déterminée de l'IRA. Sous la pression de l'opinion internationale, et notamment des États-Unis, le Parlement britannique promulgue le Government of Ireland Act, en décembre 1920 : l'île est partagée en deux parties dotées d'une large autonomie. La partition ne respecte ni les limites provinciales ni les clivages confessionnels : trois des neuf comtés de l'Ulster sont rattachés aux trois provinces formant l'Irlande du Sud ; parmi les six comtés formant l'Irlande du Nord, deux comtés sont à majorité catholique.

La majorité protestante d'Irlande du Nord accepte ce Home Rule limité, qu'elle a souhaité dès 1912, et élit son propre Parlement en mai 1921. La partition est, en revanche, rejetée par la minorité catholique du Nord et par la majorité du Sud, où de nouvelles élections ne font que renforcer la position du Sinn Féin. Les élus de ce mouvement boycottent les nouvelles institutions imposées par les Britanniques et se constituent en un second Dáil.

Une trêve met fin à la guérilla de l'IRA le 10 juillet 1921. Les négociations entre les représentants du Dáil et le Premier ministre britannique, David Lloyd George, aboutissent à la signature d'un traité le 6 décembre 1921. Aux termes de cet accord, les vingt-six comtés de Saorstát Éireann deviennent, sous le nom d'État libre d'Irlande (Irish Free State), un dominion du Commonwealth. L'autonomie est ainsi étendue au plan militaire et douanier, mais les députés irlandais doivent prêter allégeance à la Couronne britannique.

Ce serment, et les limites imposées à la souveraineté de l'État libre, provoquent la division des nationalistes. Le 15 janvier 1922, le traité n'est ratifié par le Dáil, après de violents débats, que par soixante-quatre voix contre cinquante-sept. De Valera, absent des négociations et opposé au traité, démissionne de son poste de président ; il est remplacé par le fondateur du Sinn Féin, Arthur Griffith. Michael Collins est nommé président du gouvernement provisoire.

B. L'État libre d'Irlande (1922-1937)

1. Les déchirements internes

De Valera et les membres du Sinn Féin hostiles au traité exigent la reprise de la lutte contre la Grande-Bretagne. Une guerre civile éclate, opposant les républicains dissidents et la nouvelle armée de l'État libre. Le conflit, qui divise profondément le pays, provoque la mort de plus d'un millier d'Irlandais, dont Michael Collins, assassiné en août 1922.

Parallèlement, le Dáil, mené par William Thomas Cosgrave, rédige une Constitution instituant un Parlement bicaméral. Adoptée le 11 octobre 1922, elle entre en vigueur le 6 décembre, après ratification du Parlement britannique. Le gouvernement officiel de l'État libre est immédiatement institué, Cosgrave assumant le rôle de président du Conseil exécutif.

En avril 1923, les républicains mettent fin à la guérilla, suffisamment tôt pour pouvoir participer aux élections nationales. Aucun des deux partis en lice ne parvient, lors des élections du mois d'août, à s'arroger la majorité. Cosgrave reste toutefois au pouvoir et De Valera, à la tête des républicains, boycotte le Dáil. Cosgrave met sur pied un gouvernement viable qui tente d'obtenir de la Grande-Bretagne une rectification des frontières entre les deux Irlandes, afin de récupérer les deux comtés catholiques du Nord. Finalement, le tracé existant est confirmé en décembre 1925, en échange de maigres contreparties financières pour l'Irlande du Sud.

Ayant échoué sur la question des frontières, l'État libre, admis à la Société des Nations en septembre 1923, obtient en revanche, avec le Canada et l'Union sud-africaine (voir Afrique du Sud), une évolution sensible de son statut au sein du Commonwealth. En 1924, le gouvernement irlandais crée un précédent en envoyant son propre ambassadeur à Washington. Dès 1926, les pays membres se voient reconnaître une quasi-indépendance. Le statut de Westminster, en 1931, libère l'Irlande de la tutelle juridique du Parlement britannique.

2. Le retour au pouvoir de De Valera

En février 1932, le parti d'Eamon De Valera, le Fianna Fáil, remporte les élections. Placé à la tête du Conseil exécutif, De Valera met en oeuvre une politique de séparation totale. En mai 1933, il abolit par décret le serment d'allégeance au roi d'Angleterre. De Valera suspend ensuite le paiement d'annuités d'achat qui, selon les Britanniques, leur sont légalement dues et engage une politique protectionniste, destinée à permettre le développement d'une industrie nationale. Une guerre douanière prolongée s'ensuit, dont le coût est lourd pour l'État libre, l'économie irlandaise étant très dépendante du marché britannique.

Dans le même temps, les institutions continuent d'évoluer. En 1936, le Fianna Fáil, en collaboration avec d'autres groupes du Dáil, parvient à faire adopter une loi qui abolit le Seanad, (Sénat) détracteur de la politique de De Valera. Le Dáil fonctionne alors comme un Parlement unicaméral jusqu'au terme du mandat de ses membres. Profitant de l'abdication du roi Édouard VIII, De Valera fait voter, en 1936, une loi qui retire de la Constitution toute référence au roi d'Angleterre. La même année, des militants de l'IRA ayant commis une série d'attentats dans l'État libre pour faire pression en faveur de l'unité de l'Irlande, le gouvernement interdit l'organisation.

C. L'Eire (1937-1948)

En juillet 1937, les élections au Dáil se doublent d'un référendum constitutionnel. Le nouveau texte proposé à l'approbation des électeurs porte la marque de De Valera : la rupture avec la Grande-Bretagne est entérinée la volonté d'unité affirmée dès l'article 2. Symboliquement, l'État libre d'Irlande devient l'"État démocratique, indépendant et souverain" d'Eire, reprenant le nom gaélique autrefois donné à l'ensemble de l'île. La nouvelle Constitution accorde également un statut spécial à l'Église catholique.

Les électeurs n'approuvent qu'A une faible majorité le texte constitutionnel, mais reconduisent le Fianna Fáil. En 1938, l'écrivain et patriote irlandais Douglas Hyde - un protestant - est élu premier président de l'Eire et De Valera est choisi comme Premier ministre.

Malgré les pressions de Roosevelt et de Churchill, l'Eire maintient sa neutralité durant la Seconde Guerre mondiale. Cette manifestation d'indépendance lui vaut d'être absente de l'Organisation des Nations unies (ONU) jusqu'au 14 décembre 1955.

Les difficultés économiques de l'après-guerre entraînent, en février 1948, la défaite électorale du Fianna Fáil, au profit d'une coalition de six partis menée par le Fine Gael. John Aloysius Costello, devenu Premier ministre, tente de redresser l'économie nationale par une politique de baisse des prix et des impôts, et d'intensification des relations commerciales avec la Grande-Bretagne. En novembre 1948, Costello encourage le Dáil à rompre les derniers liens unissant le pays au Commonwealth. En décembre, les représentants irlandais adoptent le Republic of Ireland Bill (loi sur la république d'Irlande).

D. La république d'Irlande

La république d'Irlande, indépendante du Commonwealth, est proclamée le 18 avril 1949, lundi de Pâques marquant l'anniversaire des Pâques sanglantes.

1. L'ouverture vers l'extérieur

La République, brièvement écartée de la communauté internationale, ne peut adhérer rapidement à l'ONU en raison d'un veto soviétique, mais s'intègre dans le camp occidental. Elle est l'un des membres fondateurs de l'Organisation européenne de coopération économique (OECE) - ce qui lui permet de bénéficier du plan Marshall - ainsi que du Conseil de l'Europe. En revanche, elle refuse d'entrer dans l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN), refus motivé par la question de l'Irlande du Nord.

La situation en Ulster empoisonne les relations avec le voisin britannique. Les dirigeants d'Irlande du Sud, dont beaucoup désormais appartiennent à une génération qui n'a pas connu la guerre civile, sont conscients que l'union ne pourra jamais être imposée par la force. L'opinion publique exprime sa lassitude. Face à la reprise des attentats par l'IRA, en 1956, le gouvernement dirigé par Costello adopte une politique répressive, poursuivie après 1957 par De Valera. L'absence de soutien populaire, autant que le vieillissement des cadres, conduit l'IRA à annoncer, en février 1962, son intention de renoncer à la lutte armée.

En juin 1959, De Valera, alors âgé de soixante-dix-sept ans, est élu président, poste qu'il occupe pendant quatorze ans, et Sean Francis Lemass est nommé Premier ministre. Lemass et John Mary Lynch, son successeur, s'emploient tous deux à dynamiser l'économie irlandaise. L'Irlande rompt avec son isolement, se rapproche économiquement de la Grande-Bretagne et de l'Europe. En 1965, la Grande-Bretagne et l'Irlande suppriment, par un accord bilatéral, les droits de douane entre les deux pays. En 1972, l'Irlande adhère, en même temps que la Grande-Bretagne, au Marché commun européen (voir Union européenne). Cette adhésion, effective en janvier 1973, est approuvée par 83 % des électeurs.

La reprise des affrontements intercommunautaires en Irlande du Nord donne lieu à de nouveaux actes terroristes fomentés par la branche "provisoire" de l'IRA, tant à l'intérieur qu'A l'extérieur de la République irlandaise. En 1971, le Dáil interdit l'acquisition ou la détention d'armes destinées à être utilisées en dehors des frontières de l'Irlande. En 1972, le gouvernement exige la remise de toutes les armes à feu.

La coalition Fine Gael (Parti travailliste) l'emporte d'une courte majorité lors des élections de 1973, et le chef de file du Fine Gael, Liam Cosgrave, devient Premier ministre. En 1977, le Fianna Fáil est de nouveau porté au pouvoir ; le gouvernement est mené par Lynch, auquel succède Charles Haughey en 1979.

2. La mutation irlandaise

A la fin des années soixante-dix et au début des années quatre-vingt, les gouvernements irlandais se retrouvent confrontés à d'importants problèmes : multiplication des actes terroristes perpétrés par la branche provisoire de l'IRA dans le Nord, crise économique associée à un fort endettement public et à une hausse du chômage. Sur le plan politique, l'érosion des partis conservateurs, le Fianna Fáil et le Fine Gael, entraîne une relative instabilité gouvernementale.

En 1983, le Premier ministre Garrett Fitzgerald, du Fine Gael, relance la recherche d'une solution politique en Irlande du Nord, en organisant à Dublin un "Forum pour une nouvelle Irlande" auquel participent des formations politiques du Nord et du Sud, réunies pour la première fois depuis la partition. Le Sinn Féin, toutefois, demeure exclu des discussions et les unionistes refusent l'invitation.

En novembre 1985, Garrett Fitzgerald obtient de Margaret Thatcher, Premier ministre britannique, la signature d'un accord conférant à la république d'Irlande un rôle consultatif dans les affaires de l'Irlande du Nord. Fitzgerald demeure Premier ministre jusqu'en 1987, date à laquelle lui succède Haughey qui obtient la majorité au Dáil dès le premier tour. Après les élections peu concluantes de juin 1989, Haughey forme un nouveau gouvernement de coalition. En décembre 1990, Mary Robinson, candidate de la gauche, est élue présidente de la République.

A l'issue des élections de novembre 1992, le Fianna Fáil forme une coalition avec le Parti travailliste. La progression des partis de gauche, associés au nouveau gouvernement formé par le Fine Gael en décembre 1994, témoigne d'une lente évolution de la société irlandaise, qui accompagne la mutation économique. S'ils ont à nouveau repoussé la légalisation de l'avortement en 1992, les Irlandais ont finalement accepté de libéraliser la législation sur le divorce en novembre 1995.

Renforçant son ancrage européen, l'Irlande signe par ailleurs le traité de Maastricht, créant l'Union européenne, en décembre 1991, après avoir obtenu la faveur d'une clause spéciale garantissant que les lois irlandaises sur l'avortement ne seront pas remises en cause par la législation européenne. Le traité est ratifié par 69 % de "oui" lors d'un référendum national organisé en juin 1992. L'Irlande fait partie, depuis l'accord signé le 2 mai 1998 à Bruxelles, des onze pays retenus pour passer en 1999 à l'Union économique et monétaire (UEM). En mai 1998, le traité d'Amsterdam a été ratifié lors d'un référendum par 61,7 % de "oui". Lors des élections européennes de juin 1999, le Fianna Fáil (centre) a recueilli 38,6 % des suffrages (soit 6 sièges au Parlement européen), le Fine Gael 24,6 % (4 sièges), les travaillistes 8,7 % des voix (1 siège) et les Verts 6,7 % (2 sièges).

L'intégration européenne a subi un sérieux coup de frein à l'occasion du référendum organisé au mois de juin 2001 pour la ratification du traité de Nice, rejeté par 54 % des Irlandais, avec une participation de seulement 32 %. Le Premier ministre Bettie Ahern s'est dit "profondément déçu" par ce résultat qui a provoqué la stupéfaction parmi les Quinze. Plus que l'élargissement de l'Union européenne, objet du traité de Nice élaboré par les Quinze en décembre 2000, c'est la perspective de céder des pans de souveraineté ou de renoncer à la neutralité irlandaise qui auraient motivé les partisans du "non". Les responsables européens ont considéré qu'il était exclu de rouvrir les négociations. Le plus probable est que les Irlandais soient appelés à revoter à l'automne 2002 après de longs mois de débat national.

E. La question de l'Irlande du Nord

La situation en Irlande du Nord est redevenue une question politique majeure en république d'Irlande ; le gouvernement de Dublin joue désormais un rôle clé dans les négociations sur l'avenir de ce territoire.

1. Le rôle de Gerry Adams

Après une recrudescence de la violence intercommunautaire en Ulster, à la fin de 1991, un nouveau pas est franchi au printemps 1992, lorsque des dirigeants unionistes d'Irlande du Nord acceptent de participer à des négociations, à Londres, aux côtés des représentants du gouvernement irlandais. En juin 1993, Mary Robinson rencontre publiquement à Belfast le dirigeant du Sinn Féin, Gerry Adams. En juillet de la même année, le gouvernement irlandais propose une souveraineté commune du Royaume-Uni et de la république d'Irlande sur l'Irlande du Nord. Ce plan est rejeté par Londres. Mais après de nouveaux attentats à Belfast, le Premier ministre britannique John Major accepte, en novembre, que le Sinn Féin participe aux futures négociations.

Le 15 décembre 1993, Albert Reynolds, chef du gouvernement irlandais, et John Major signent une nouvelle déclaration déterminante : la Grande-Bretagne accepte de renoncer à sa souveraineté sur l'Irlande du Nord si la majorité de la population exprime la volonté d'être rattachée à la république d'Irlande ; celle-ci s'engage pour sa part à supprimer toute référence à l'unité territoriale dans sa Constitution. L'ensemble des partis politiques d'Irlande du Nord, dont le Sinn Féin, sont invités à trouver une solution politique, à condition qu'il soit mis fin aux violences. Après que l'IRA a annoncé, le 31 août 1994, "une cessation complète des opérations militaires", le Premier ministre irlandais reçoit Gerry Adams à Dublin. Les deux dirigeants ayant exprimé leur volonté de respecter le choix de la population unioniste, les milices loyalistes d'Irlande du Nord annoncent à leur tour, en octobre, la cessation de leurs opérations militaires.

Le gouvernement de John Bruton poursuit la politique de Reynolds. Le 22 février 1995, Bruton et Major rendent public un accord anglo-irlandais devant servir de base de travail à toute négociation pour un règlement durable du conflit en Irlande du Nord. Parmi les principales dispositions figurent la création d'une Assemblée d'Irlande du Nord, élue au scrutin proportionnel, l'établissement "d'un organisme nord-sud" responsable devant l'Assemblée d'Irlande du Nord et le Dáil irlandais, ainsi que la mise en place d'une conférence intergouvernementale permanente entre la Grande-Bretagne et l'Irlande.

2. La rupture du cessez-le-feu

Les relations entre Dublin et Londres se détériorent cependant avec la dégradation de la situation en Irlande du Nord. La rupture du cessez-le-feu par l'IRA, en février 1996, écarte à nouveau le Sinn Féin des négociations. Londres durcit sa position, rejetant les propositions du médiateur américain, Georges Mitchell, et prenant l'initiative d'élections en Irlande du Nord sans consulter Dublin. Ces élections, qui renforcent, en mai, les positions des formations les plus dures, sont suivies de graves affrontements durant toute l'année 1996, sans que Dublin parvienne à relancer les pourparlers. Lors des élections législatives de juin 1997, l'alliance de centre droit menée par le chef du Fianna Fáil, Bertie Ahern, bat de peu la coalition dirigée par John Bruton, sans pour autant obtenir la majorité absolue. Bertie Ahern est élu Premier ministre grâce au soutien de députés indépendants, tandis qu'en octobre 1997, Mary Mac Aleese, originaire d'Irlande du Nord, succède à Mary Robinson, à la présidence de la République, soutenue par la coalition formée du Fianna Fáil et des démocrates progressistes.

3. L'accord de paix "historique"

Avec l'arrivée au pouvoir en Grande-Bretagne du travailliste Tony Blair, qui fait de la question irlandaise une priorité, les négociations reprennent sous l'égide du sénateur américain Mitchell et avec l'intervention de Bill Clinton, et aboutissent à un accord de paix historique le 10 avril 1998, signé non seulement par les Premiers ministres britannique et irlandais, mais aussi par le Sinn Féin républicain et le principal parti unioniste, l'Ulster Unionist party (UUP) de David Trimble. Cet accord de compromis qui pourrait mettre fin à trente ans de guerre civile prévoit plusieurs points : la nécessité d'un vote exprimé par la majorité de la population d'Irlande du Nord quant à l'unification ou au maintien de l'Ulster dans le Royaume-Uni ; la remise en vigueur du Parlement de l'Ulster qui exercera des pouvoirs législatifs et exécutifs ; la création d'un "conseil nord-sud" composé de représentants de l'Ulster et de la république d'Irlande afin de développer la coopération dans les domaines susceptibles de concerner les deux parties de l'île (tourisme, pêche, environnement, transports, etc.), ces décisions étant soumises à l'approbation du Parlement d'Ulster, ainsi qu'au Dáil irlandais.

L'accord de Stormont, dit du "vendredi saint", a été adopté par référendum en mai 1998 par plus de 70 % de votes favorables en Irlande du Nord et plus de 90 % en République d'Irlande. Il entraîne une modification de la Constitution britannique, qui affirme, d'une part, la souveraineté du Royaume-Uni sur l'Ulster et, d'autre part, celle de la république d'Irlande - qui devra cependant abandonner sa revendication territoriale sur le Nord. Il prévoit également un désarmement général de toutes les organisations paramilitaires.

Mais, depuis le début 1999, le processus de paix est resté dans l'impasse : d'une part, l'IRA a refusé un désarmement immédiat et, d'autre part, David Trimble s'est opposé à la participation du Sinn Féin dans le futur gouvernement tant que l'IRA n'aura pas déposé les armes. A l'instigation des Premiers ministres britannique Tony Blair et irlandais Bertie Ahern, des négociations ont repris à la mi-avril, afin de relancer l'accord de paix.

En s'engageant en mai 2000 à mettre ses armes hors d'usage, l'IRA suscite de nombreux espoirs et permet la reformation du gouvernement autonome en Ulster. Cependant les négociations piétinent, achoppant sur le calendrier et les modalités du désarmement de l'IRA, mais aussi sur la réduction de la présence militaire britannique et la réforme de la police provinciale nord-irlandaise à majorité catholique. Le processus de paix est en outre fragilisé par les attentats perpétrés en 2000 et 2001 par une branche dissidente et radicale de l'IRA, "l'IRA véritable".

En juillet 2001, le protestant modéré David Trimble démissionne de son poste de Premier ministre de l'Irlande du Nord afin de faire pression sur l'IRA pour qu'elle commence à désarmer, comme elle le promet depuis trois ans. Les négociations reprennent entre les Premiers ministres britannique et irlandais, Tony Blair et Bertie Ahern, mais les institutions d'Irlande du Nord sont paralysées et le processus de paix semble dans l'impasse.



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